Communiqué de presse
Caen, le 24 septembre 2025
Ouverture du lot « Étoile de Caen » à la concurrence : un coup dur pour le ferroviaire normand
L’exécutif régional d’Hervé Morin vient d’annoncer l’attribution à RATP Dev du lot dit « Étoile de Caen », (lignes SNCF de Cherbourg, Lisieux, Granville/Rennes, Rouen et l’axe Lisieux/Deauville/Dives),dans le cadre de l’ouverture à la concurrence des lignes TER.
Cette décision n’est pas sans soulever de lourdes interrogations quant à la qualité de service rendu aux usagers, à l’avenir des trains du quotidien ainsi qu’au devenir des agents SNCF concernés.
Rappelons que la Région, malgré les directives européennes, aurait pu faire un autre choix que celui de l’ouverture à la concurrence et reconduire pour 10 ans le monopole de la SNCF. Hervé Morin et sa majorité ont hélas choisi la voie de la dérégulation que nous risquons de payer au prix fort dans les années à venir. Déjà, l’ouverture à la concurrence s’opère à grands renforts de deniers publics (personnel, études, travaux, suivi des procédures), soit du temps et des moyens qui auraient pu être consacrés à un réel travail sur l’amélioration de la qualité des services ferroviaires.
Les usagers laissés sans garanties
Au contraire, nous n’avons, malgré nos demandes, toujours aucune garantie sur la qualité du service rendu aux usagers. Nous continuons de demander le maintien des guichets. Sans cela, il y aura plus de difficultés pour les usagers, notamment les personnes âgées, les jeunes et celles et ceux qui n’ont pas accès au numérique. Un travail doit être fait également pour un meilleur cadencement, la réouverture des lignes fermées au trafic voyageurs, un renforcement de l’intermodalité ou encore une tarification plus juste. L’ouverture à la concurrence nous fait craindre la fin de la coordination entre TER et Intercités, rendant incertaine la possibilité de prendre une correspondance et faisant courir le risque de voir s’allonger les trajets.
Des inquiétudes pour les agents SNCF
Nous demandons également que les contrats d’exploitation conclus avec des opérateurs privés ou leurs filiales garantissent aux agents SNCF transférés vers RATP Dev une véritable protection en matière de statut, d’emploi et d’affectation. Un cheminot précarisé, mal formé ou inquiet pour son avenir, c’est aussi un service ferroviaire fragilisé. La qualité et surtout la sécurité du transport dépendent directement de la stabilité et de l’expérience des agents. On ne construit pas une offre ferroviaire fiable en fragilisant celles et ceux qui la font vivre au quotidien.
L’échec de la libéralisation ailleurs
Nous rappelons que certains de nos voisins qui ont fait le choix de la libéralisation font désormais marche arrière : c’est le cas du Royaume-Uni. En Allemagne, Keolis a abandonné les trains régionaux et Abellio a fait faillite, laissant les usagers sur le quai. Nous rappelons également qu’en France, l’ouverture à la concurrence du fret ferroviaire est un désastre : la part du rail est passée de 20 % à 9 % en 2019, pendant que le fret routier explosait.
Le train est un outil essentiel pour répondre à l’urgence climatique et garantir la cohésion sociale et territoriale. Nous demandons que la Région cesse de livrer nos transports collectifs à la concurrence et choisisse enfin une véritable politique publique du rail. Car, de fait, pouvons-nous vraiment attendre une amélioration du service et une baisse des prix lorsque la seule logique est celle de la rentabilité ?
Si nous voulons répondre au défi climatique, tout devrait aujourd’hui être mis en œuvre pour que le train s’impose comme alternative enviable à la voiture particulière. Ce n’est visiblement pas la priorité de Monsieur Morin. L’avenir du rail ne peut pas se décider au nom de la rentabilité, mais bien au nom de l’intérêt général et du droit de toutes et tous à un service public ferroviaire de qualité.
Rudy L’Orphelin et Laetitia Sanchez
Co-président.e.s du groupe Normandie Écologie