Assemblée Plénière – Lundi 15 décembre – Intervention de David Fontaine relative à l’abrogation des dispositifs d’aide à la création, d’aide à l’édition et d’aide aux expositions

« Quand j’entends parler de revolver je sors ma culture » disait Francis Blanche

Les budgets de la culture sont attaqués partout en France comme en Europe. La culture elle-même est attaquée et caricaturée notamment par l’extrême droite qui confond sans cesse les immenses enjeux culturels pour toutes et pour tous à leurs ambitions politiciennes d’attaques vraiment simplistes le plus souvent. La culture est une politique et la culture est politique, mais pas politicienne. C’est la liberté d’expression, d’émouvoir, de créer, elle est ce lien le plus court de l’homme à l’homme comme disait Malraux, que l’on pourrait compléter de ce lien absolument déterminant entre tout humain comme entre l’humain et la nature. 

En prenant l’Etat comme responsable, et il l’est sur bien des sujets, certains élu.e.s prennent ce prétexte pour tenter de fragiliser tout un secteur pourtant décisif pour chacune et chacun mais aussi un levier économique puissant. Protéger la culture c’est nous protéger nous-mêmes à tous les sens du terme. Certes, la Région Normandie ne sacrifie pas son budget culture et nous l’avons bien noté, nous échangeons avec intelligence entre nous comme en commission. Je remercie d’ailleurs les services tout comme M. Gomont ou Mme Morin Dessailly pour nos échanges que nous soyons d’accord ou en désaccord. Mais il ne s’agirait pas non plus de tergiverser sur quelques sommes alors même que la crise sociale, environnementale et sociétale est d’une grande violente notamment pour les plus précaires d’entre nous.

La crise sanitaire fut un évènement terrible pour toutes les familles endeuillées comme pour les soignants et le pays entier. Ce fut terrible aussi par une rupture de lien et notamment de lien culturel. Ce fut d’ailleurs un combat partagé par une large majorité de cette assemblée. Il faut du temps pour remonter la pente et face aux fanatismes et aux extrémismes diviseurs et dogmatiques, aux dangers sur les démocraties, ce qui fut exceptionnel à ce moment-là pour soutenir le secteur culturel doit être adapté dans le temps et ne saurait revenir en arrière. Il y a eu le monde d’avant, il faut penser autrement ce monde d’après qu’on attend toujours.

Je l’ai dit tout à l’heure, la création culturelle n’a pas d’accélérateur ou de décélérateur. Elle est vivante à chaque instant et pour favoriser ce droit à la culture par tous et pour tous, nous ne devons jamais baisser la garde.

C’est pourquoi nous vous proposons de maintenir ces dispositifs de soutien. En élus responsables, nous pourrions demander encore plus pour ce secteur absolument essentiel pour nous, mais face aux désordres créés par un État défaillant, nous demandons au minimum la continuité qui sera déjà interprétée par l’ensemble des acteurs culturels comme un vrai signe de soutien. Ils en ont besoin. L’après-guerre fut un moment de rebond ; face aux crises des années 70/80 ce fut encore le cas et tous nous le saluons aujourd’hui ce qui fait aussi le terreau de la France à l’internationale.

Monsieur le Président, la Normandie n’est pas qu’une terre conquérante elle est aussi une terre de résistance, et il faut résister ensemble aux vagues immondes qui pourraient nous submerger. Cela commence par ces sujets qui ne sont pas anodins.

Je vous remercie