Assemblée plénière – Jeudi 19 octobre 2023 – Discours de politique générale de Rudy L’Orphelin

Assemblée plénière

Jeudi 19 octobre 2023

Discours de politique générale de Rudy L’Orphelin

Monsieur le Président, cher.e.s collègues,

Le 7 octobre dernier au matin, l’organisation islamiste Hamas perpétrait sur le sol israélien une série d’attaques terroristes d’une effroyable violence. Le bilan de ces massacres, encore provisoire, fait état de près de 1500 morts, des centaines de blessés et disparus alors que 150 otages seraient détenus par le Hamas. Les victimes sont principalement des civils, hommes, femmes et enfants parmi lesquelles on recense 32 de nos compatriotes, 21 morts et 11 portés disparus. 

Parce que rien ne pourra jamais justifier d’attaquer délibérément des populations civiles, les écologistes condamnent sans ambiguïté ces actes terroristes.

Le droit pour chacun de vivre en paix et en sécurité n’est pas – et ne sera jamais – négociable. Et aujourd’hui, ce sont des milliers de civils palestiniens, régulièrement utilisés par le Hamas comme bouclier humain, qui meurent sous les bombes israéliennes dans la bande de Gaza, en état de siège.

Pour l’heure, il faut le dire, la contre-offensive menée par Israël dans la bande de Gaza en représailles des attaques du 7 octobre ne permet pas de répondre au besoin de sécurité immédiat des populations israéliennes et se traduit par une catastrophe humanitaire sans précédent côté palestinien, alors que s’éloigne chaque jour un peu plus la construction d’une issue diplomatique à la crise.

Ce sont en réalité les populations civiles israéliennes et palestiniennes qui payent le lourd tribut d’une impasse politique qui n’a que trop duré. Face au risque d’embrasement de toute la région, nous n’aurons de cesse de réaffirmer la nécessité d’une solution diplomatique respectueuse des droits fondamentaux et du droit international.

Et la France qui a toujours soutenu une solution de paix à deux Etats doit prendre toute sa part afin que l’Union Européenne s’affirme réellement au plan diplomatique et pour qu’enfin Israélien·nes et Palestinien·nes puissent vivre en paix et en sécurité côte à côte, conformément aux résolutions de l’ONU, lesquelles n’ont jamais été respectées.

Les attaques du 7 octobre sur le sol israélien avaient déjà ravivé le douloureux souvenir des attentats commis sur notre propre sol, ceux de Charlie Hebdo de l’Hyper Cacher en janvier 2015, ceux du Bataclan le 13 novembre de la même année : 3 ans après l’assassinat de Samuel Paty, notre République se trouve à nouveau frappée au cœur, dans l’école de ses enfants.

En ce 13 octobre, c’est à Arras qu’un terroriste poignardait à mort Dominique Bernard, 57 ans, professeur de français à la cité scolaire Gambetta, tué en protégeant ses élèves. Cette attaque aura également fait trois blessés : un professeur d’EPS ainsi qu’un agent technique et un agent d’entretien.

Nos pensées, notre soutien s’adressent aux familles et proches des victimes, aux élèves, aux parents ainsi qu’à l’ensemble des enseignant.e.s et agent.e.s de la cité scolaire d’Arras.

Face à ces actes impardonnables, nous savons la peur, l’horreur et l’effroi qui frappent aujourd’hui l’ensemble de la communauté éducative. C’est la raison pour laquelle et plus que jamais, il nous faut soutenir et protéger notre école, ainsi que toutes celles et ceux qui, élèves, enseignant.e.s et personnels, la fréquentent et la font vivre au quotidien.

Ces actes terroristes perpétrés dans les lieux d’éducation, dans les lieux d’émancipation et de vivre ensemble ne visent qu’un seul objectif : faire vaciller notre République et notre démocratie. Nous y répondrons toujours sans trembler en œuvrant au quotidien à faire vivre la laïcité, à défendre et approfondir nos libertés publiques et à renforcer notre État de droit.

Quelques mots de l’actualité régionale en cette Assemblée Plénière de rentrée, si je peux la nommer ainsi.

Car si la rentrée est déjà loin, l’été s’achève à peine ; cet été qui fut le plus chaud jamais enregistré sur la Terre, de nouveau marqué par des phénomènes climatiques extrêmes devenus d’une terrible banalité entre méga-feux, sécheresses et canicules.

C’est ainsi que nous pouvons dire avec Antonio Guterres, Secrétaire général des Nations Unies, que « l’effondrement climatique a commencé ». Ce n’est donc plus pour la fin du siècle, pour cette décennie ni même pour l’an prochain. C’est maintenant. C’est partout, c’est là-bas, c’est ici.

A l’échelle normande et pour toute réponse, Monsieur le Président, vous avez fait le choix, notamment lors de votre traditionnelle fête de la pomme, de multiplier les charges à l’encontre des écologistes, responsables selon vous d’à peu près tous les maux de l’époque.

J’ai souvent pensé que « confondre les problèmes et les ennemis » était chez certain.e.s politiques comme une seconde nature. Cette posture a en effet ceci de confortable qu’elle permet de dissimuler l’inaction derrière une critique acerbe de l’adversaire ; elle est le plus souvent rentable mais tellement paresseuse, particulièrement lorsqu’elle est proférée devant un public acquis d’avance à sa cause. « Simple. Basique. » comme dirait Orelsan.

Et le cynisme atteint son paroxysme lorsque, sombrant dans le « climato-opportunisme », vous entendez faire du dérèglement climatique un facteur d’attractivité du territoire normand. Contrairement à ce que vous voudriez faire croire, Monsieur le Président, il n’est pas envisageable de laisser la Normandie à l’abri des soubresauts du monde. Les grands désordres écologiques qui le frappent, frappent aussi notre région et ses habitant.e.s.

Les faits, tout comme les travaux du GIEC normand que vous avez initiés sont là pour en attester. Il est grand temps d’en prendre la pleine mesure.

Nous attendons de la Région, en tant que cheffe de file en matière climatique, non de telles élucubrations dignes des conversations de bistrot, mais qu’elle se dote enfin d’une véritable politique d’adaptation aux dérèglements climatiques pour protéger les habitant.e.s, préserver nos écosystèmes, notre littoral et notre agriculture, pour que nos villes et nos campagnes restent vivables.

Car la réalité de l’impréparation est là, implacable. La Normandie caracole en tête des régions françaises en termes d’émissions de gaz à effet de serre par habitant.e ; la production d’électricité d’origine renouvelable essentielle et urgente ne décolle pas : 9ème région française pour l’éolien terrestre, quasi-dernière pour le photovoltaïque ; le plan bâtiment durable est très loin de pouvoir répondre aux nécessités d’isolation thermique des logements normands ; l’offre TER en train-km par habitant est parmi les plus faibles de France ; votre plan haies est une vaste blague et votre soutien aveugle au productivisme agricole interdit d’envisager une agriculture compatible avec le défi climatique.

Pendant ce temps, et sans craindre la contradiction, vous et votre exécutif continuez à soutenir des projets d’un autre temps, inutiles, coûteux et destructeurs de l’environnement à l’image de l’autoroute à péages prévue à l’est de Rouen ou encore des contournements de Cherbourg et de Caen ; Ce n’est que contraint, forcé (et grognon) que vous renoncez à la 2×2 voies Evreux-Chaufour (plus de 200 millions d’euros / une centaine d’ha de terres agricoles) ; et comme c’est « une 2×2 voies sinon rien ! », les aménagements de sécurité routière (laquelle fut brandie pour justifier le projet en premier lieu) ne feront bien entendu pas l’objet d’accompagnement financier de la Région.

Pendant ce temps et sans craindre la contradiction, vous poursuivez votre croisade à l’encontre des énergies renouvelables au risque d’étouffer des filières dont la structuration est cruciale pour la montée en puissance de nos capacités électriques et donc pour notre sécurité énergétique. Vous préférez nous laisser dans l’impasse du nucléaire et ses projets de réacteurs qui seront au mieux en service dans 15 à 20 ans, c’est-à-dire lorsqu’il sera déjà trop tard.

Pendant ce temps et sans craindre la contradiction, vous nous présenterez des orientations budgétaires dans quelques instants affublées d’une stratégie d’investissement qui non seulement ne permettra pas de prendre en charge la crise climatique mais ne contribuera qu’à l’aggraver.

Monsieur le Président cher.e.s collègues, nous en appelons au réveil et au sursaut de l’exécutif pour que ce mandat ne soit pas un mandat perdu.

Je vous remercie.