Assemblée plénière – Jeudi 19 octobre 2023 – Intervention de Laetitia Sanchez relative à l’avis de la Région sur le Projet Régional de Santé 2023-2028

Assemblée plénière

Jeudi 19 octobre 2023

Intervention de Laetitia Sanchez relative à l’avis de la Région sur le Projet Régional de Santé 2023-2028

Monsieur le Directeur, Monsieur le Président, cher.e.s collègues,

Au nom du groupe Normandie Écologie, nous vous remercions de cette présentation qui met en lumière les difficultés et les objectifs de notre système de santé régional.

L’égalité de l’accès aux soins est un droit fondamental. Pourtant depuis des décennies, les décisions prises au niveau national ont créé une situation dramatique subie par une majorité de nos concitoyen.ne.s concernant l’accès aux soins dans l’ensemble du territoire national, et plus encore pour les territoires de notre région.  Il a été rappelé que l’accès à la santé est aujourd’hui l’une des premières préoccupations des Français.es. Au moment où il faudrait un véritable Plan Régional d’Urgence Santé, le PRS3 apparait globalement plutôt comme un plan d’adaptation à une situation très dégradée.

Nous partageons les constats de départ et les inquiétudes liées au mauvais état de santé de nombreux.ses Normand.e.s, avec des indicateurs supérieurs à la moyenne nationale pour les pathologies liées à l’environnement et aux inégalités sociales : les cancers, les maladies cardio-vasculaires, les maladies chroniques liées à la sédentarité et au surpoids, la dépression, le suicide.

Nous demandons depuis 2019 que soit mis un place un registre régional des cancers, suite au dramatique accident industriel de l’usine Lubrizol.

Nous saluons la mise en avant du concept de « Santé Unique » (One Health) qui met en évidence le lien entre la qualité de l’environnement, la santé animale et végétale, et la santé humaine. Si ma Planète va bien, je vais bien. Nous en sommes très loin ! Les pandémies ont illustré l’interdépendance entre nos santés et l’environnement. La dégradation de nos conditions de vie, avec le changement climatique, les tensions autour des ressources naturelles, génèrent de plus en plus de conflits, des migrations, et une anxiété généralisée.

Nous voyons aussi se dessiner dans ce plan l’importance de la prévention en santé, en faisant de chacun.e un acteur de sa santé. Le rôle des pouvoirs publics est d’accompagner dans cette démarche les publics les plus fragiles et les moins autonomes. La qualité du logement et de l’alimentation sont également des facteurs importants de bonne santé. C’est à ce titre que les écologistes proposent d‘accompagner la rénovation des logements existants et un système de « sécurité sociale alimentaire », comme volets importants dans la prévention des pathologies.

Nous voudrions aller encore plus loin dans cette démarche, en impliquant et en responsabilisant les politiques publiques mises en place, dans le souci constant de la prévention des risques.

Au-delà de la culture du risque et de la gestion de crise – comme pour la gestion du risque industriel que nous ne connaissons que trop bien en Normandie ; ou des risques climatiques, entre gestion des inondations et plans canicules – nous devons avoir le souci permanent d’éviter et de réduire le plus possible les atteintes à l’environnement, dans le respect des limites planétaires.

Le climat, la biodiversité, l’eau, l’air, les sols sont vitaux pour notre survie d’abord, et pour notre bien-être. Et ce n’est pas être catastrophistes, Monsieur le Président, que de rappeler que nous devons respirer, boire, manger, nous protéger du chaud, du froid, des tempêtes et des crues, pour vivre tout simplement.

Dépasser les limites planétaires, c’est remettre en cause les conditions mêmes de notre vie sur Terre. Or huit limites sur neuf seront bientôt dépassées, et six le sont d’ores et déjà, dont le cycle de l’eau douce. Interdire les pesticides est à ce titre un enjeu fort de santé publique, pour leurs effets cancérogènes, mutagènes et neuro-dégénératifs. Notre question sur le soutien à l’agriculture biologique le rappellera un peu plus tard.

La majorité régionale souhaite émettre un avis négatif sur ce Plan Régional de santé, regrettant de n’avoir pas été davantage associée pour co-construire ce plan – vous comprenez enfin ce que vivent les groupes d’opposition ! – et regrettant que le PRS ne s’inscrive pas en cohérence avec les enjeux d’aménagement du territoire et la diversité des territoires normands tels qu’ils sont définis dans le SRADDET, dont un des objectifs est d’« agir pour la santé contre les inégalités sociales et territoriales ».

La Région demande que soit renforcé le pilotage de l’action publique en santé au moyen d’un partage des données et de leurs analyses, pour être en mesure – je cite l’Avis de la Région – de s’adapter aux changements, évolutions des modes de vie, du climat, des technologies, des besoins en formation. Elle souligne même (on croirait lire une contribution écologiste !) que « l’articulation de la politique de santé avec les autres politiques publiques (aménagement du territoire-urbanisme, transport-mobilité, développement économique, environnement…) qui impactent directement sur les déterminants de santé, est essentielle. Au travers de ses compétences propres, de ses financements et de ses rôles de chef de file des collectivités dans différents domaines comme la biodiversité, les déchets, le climat… la Région a en sa possession divers leviers pour mobiliser les territoires en faveur de la mise en œuvre du PRSE, le Plan régional santé environnement. La Région – je cite toujours – veut pousser à la rénovation énergétique du parc de bâtiments, des énergies renouvelables, à la transformation des espaces extérieurs pour favoriser les îlots de fraicheur, la désimperméabilisation, l’accueil de la biodiversité. » On a juste envie de dire : Mais oui, Monsieur le Président, faites-le, exercez donc ces compétences et ce chef de filât !

Pour des raisons un peu différentes vous le voyez de celles de la majorité régionale, nous voterons toutefois l’avis défavorable émis par la Région, au regard de l’insuffisance des moyens concrets mis en place pour faire face à l’urgence sanitaire qui touche les habitant.e.s de notre Région : avec des indicateurs de santé plus dégradés que la moyenne nationale, l’accès à la santé y est plus difficile qu’ailleurs dans de nombreuses zones de notre territoire, que ce soit pour la prévention ou le soin, des pathologies liées à l’âge, à l’environnement, mais aussi à la santé psychique, pédiatrique ou gynécologique.