Assemblée plénière – Jeudi 19 octobre 2023 – Intervention de Marianne Rozet relative à la Convention d’exploitation du service public de transport ferroviaire sur les lignes normandes

Assemblée plénière

Jeudi 19 octobre 2023

Intervention de Marianne Rozet relative à la Convention d’exploitation du service public de transport ferroviaire régional de voyageurs sur les lignes Normandes et à la Convention-cadre relative aux changements des organes majeurs sur le parc de matériel roulant du TER Normandie.

Monsieur le Président, cher.e.s collègues,

Merci de me donner la parole.

Vous profitez de la clause de revoyure prévue en 2023 pour proposer de résilier la convention d’exploitation en cours et pour en signer une nouvelle pour la période 2024-2033.

Les 2 principales raisons avancées sont :

  • la nécessité de revoir la trajectoire financière de ladite convention impactée par la crise Covid et la crise énergétique.
  • De permettre d’intégrer la stratégie régionale d’ouverture à la concurrence votée en assemblée le 17 octobre 2022 avec au passage un rééchelonnement du calendrier d’ouverture à la concurrence que vous jugez finalement pas réalisable en l’état.

A l’époque nous avions voté contre la délibération qui actait l’ouverture à la concurrence et nous vous en avions exposé les raisons.

J’ai parcouru cette nouvelle convention et j’ai également suivi les 2 Conférences d’axe qui ont eu lieu ces dernières semaines :

Vous mettez en avant la modernisation des trains qui aura apporté plus de confort (ce n’est pas vrai pour tout le monde mais nous y reviendrons) et de meilleurs résultats en terme de ponctualité des trains.

Nous sommes bien d’accords, la fiabilité et la ponctualité des trains sont des éléments très importants pour les usagers, c’est important mais j’ajouterai que c’est bien le minimum que nous puissions attendre d’un service de transport.

Pour ce qui concerne le confort des trains, je les pratique personnellement le plus souvent pour des trajets intrarégionaux pour la journée ou des séjours de courte durées et dans ce cas, oui, le confort des nouveaux trains est appréciable. Les choses commencent à se compliquer quand on se déplace avec des bagages plus importants qu’un simple sac. J’ai recueilli plusieurs témoignages de voyageurs.seus sur ce sujet, avec des valises stockées dans les passages induisant de vrais problèmes d’inconfort et de sécurité. Les choses se compliquent également quand on souhaite pratiquer l’intermodalité en embarquant son vélo dans un train. En effet, parce que le nombre de places pour les vélos est très insuffisant (3 seulement!) dans les nouveaux trains, la SNCF s’est retrouvée devant une difficultés avec un trop grand nombres de vélos embarqués dans certains trains causant encore des problèmes de sécurité, sans parler de l’inconfort pour les usager.e.s dans une telle situation.

Quelle réponse apportez vous à ce problème : la réservation est rendue obligatoire pour les vélos ! Certes, cela permet d’assurer le confort de celles et ceux qui ont pu réserver une place vélo dans le train souhaité mais le nombre de réservations est limité à 4. Que faites-vous de tous ces usagers de plus en plus nombreux qui souhaitent éviter d’utiliser leur voiture en utilisant leur vélo ? Ils ont besoin de leur vélo pour se rendre à la gare de départ, embarquer le vélo dans le train pour ensuite rejoindre leur lieu de travail, un lieu de réunion, un lieu de loisir avec leur vélo. Ce système de réservation obligatoire avec un nombre très insuffisant de places freine les gens dans cette volonté de se déplacer autrement !

Quand on parle de mobilité et de report modal, l’argument principal pour l’usage de la voiture est la souplesse, la liberté ! Si on veut faire concurrence à la voiture avec le train on se doit d’avoir une offre qui tend vers ça. La liberté, la souplesse !

Avec un système de réservation imposé pour les vélos et une limite à 4 vélos par train, on ne peut pas dire qu’on offre de la souplesse et de la liberté.

Souplesse et liberté c’est pouvoir prendre n’importe quel train, le train qu’on veut, changer de train en fonction du déroulement de son séjour ou de sa journée. Pouvoir s’adapter, ne pas être obligé de réserver, sa place, la place de son vélo, ne pas se poser de question sur la possibilité de changer de billet, de changer de train, ne pas se poser de question sur le prix du trajet puisqu’à ce jour un même trajet n’a pas le même coût selon l’heure, le type de train… en effet, ce qui remonte aussi du terrain c’est que la tarification est une usine à gaz ! On y comprend rien !

Si on veut vraiment amener les gens à lâcher la voiture pour prendre le train, cela doit être le plus simple et le plus souple possible.

La simplicité c’est un tarif unique pour un même trajet, un tarif unique ET abordable en concurrence avec le coût du même trajet en voiture. La simplicité c’est pouvoir compter sur un cadencement des trains, savoir que nous pouvons compter sur un train toutes les 30 minutes, toutes les heures ou toutes les 2 heures selon les lignes.

La convention que vous vous apprêtez à signer va coûter plus cher aux Normands mais ne leur offre
pas à ce stade d’amélioration du service de transports ferroviaires. Pire, il est déjà annoncé une
augmentation des tarifs des billets sans aucune contrepartie en terme de services.

Tout n’est pas du ressort de SNCF voyageur et donc de cette convention d’exploitation mais la Région, en qualité d’Autorité Organisatrice des Mobilités devrait avoir une vraie politique de mobilité, avec des transports ferroviaires efficients, irrigant le territoire y compris les zones rurales aujourd’hui oubliées, ouvrant plus de gares, proposant plus de trains, plus de régularité, plus d’intermodalité ! Un service public qui garantirait la plus grande accessibilité à ses services et proposerait des prix de billets attractifs, et pourquoi pas une gratuité des transports pour les jeunes… ou alors un dispositif tel que le ticket climat ouvrant l’accès à l’ensemble les transports sur un territoire à un prix unique et acceptable pour les usager.e.s. Tout ce qui amènerait de plus en plus d’usager.e.s à se tourner vers le train tant se déplacer en voiture est devenu hors de prix et tellement à contre-temps !

Je vous entends déjà me répondre que tout cela a un coût et c’est vrai ! Mais la Région a des moyens et des moyens qu’elle décide d’orienter ! A ce sujet, le volet mobilité du CPER est toujours en cours de négociations, que pouvons-nous en attendre en terme de progrès pour les transports ferroviaires ?

La Région doit faire des choix !

À titre de comparaison, la convention dont nous parlons aujourd’hui représente environ 600M€ pour 10 ans contre près de 1Md€ dont au moins 200M€ financés par la région pour le seul contournement est de Rouen. A ce sujet Mr Gastinne, nous avons bien entendu Laetitia Sanchez et moi même en conférence d’axe Normandie Nord que si les autoroutes A133/A134 ne se faisaient pas, vous aimeriez bien que les fonds prévus par l’Etat restent fléchés sur la Normandie pour le ferroviaire.

Je le redis, cette convention dont le montant augmente considérablement n’offre pas d’amélioration des services pour les usager.e.s des transport ferroviaires, c’est la raison pour laquelle nous voterons contre cette délibération