Assemblée plénière – Lundi 12 décembre 2022 – Intervention de Guillaume Hédouin relative à la Stratégie de développement touristique 2022-2028

Assemblée plénière

Lundi 12 décembre 2022

Intervention de Guillaume Hédouin relative à la Stratégie de développement touristique pour la Normandie 2022-2028

M. le président, chers collègues,

Nous vous remercions de nous proposer cette nouvelle stratégie de développement touristique après qu’elle ait été présentée aux Assises régionales du Tourisme le 24 novembre 2022.

Il nous semble néanmoins que cette partition a déjà été jouée et que la présentation à cette assemblée une fois que les rendus ont été présentés aux professionnels est devenue un refrain récurent. Nous réitérons donc notre demande de pouvoir travailler en amont sur les stratégies régionales afin de pouvoir le cas échéant apporter notre pierre à l’édifice de l’intérêt général normand.

Ceci étant précisé, nous avons lu avec intérêt le résultat de votre démarche dont nous pouvons partager certains objectifs.

Nous notons en particulier que vous avez la volonté « de réaffirmer les valeurs humanistes de la Normandie. En effet, le territoire a toujours eu à cœur de proposer des offres touristiques qui fassent sens, favorisent les échanges et l’interculturalité, la transmission de valeurs et de connaissances, la découverte d’un environnement préservé et qualitatif…

– de repenser la valorisation touristique de la destination Normandie dans la perspective d’un développement durable et responsable de cette activité c’est-à-dire en veillant au développement de retombées économiques pour le territoire dans le respect des populations et des équilibres sociaux et environnementaux ; ».

Nous notons aussi l’engagement des acteurs dans un « socle commun de valeurs pour un tourisme normand responsable ».

Nous en avons évidemment conclu M. Le président que vous n’apportez dorénavant plus votre soutien à des projets qui seraient susceptibles de dilapider des terres agricoles, de détruire des zones humides et de mettre à mal le tissu socio-économique local en déstabilisant le marché immobilier local par la saturation des logements disponibles ou leur reconversion en locatifs saisionniers ou en airBnB.

Nous rappelons et nous sommes sûrs que vous nous rejoindrez sur ce point M. le président, que nos territoires ruraux et littoraux n’ont pas vocation à devenir des déserts de résidences secondaire ou de tourisme qui ne bénéficieraient qu’à quelques rentiers. Nous voulons continuer à vivre et à travailler au pays !

Nous notons par contre une certaine contradiction entre les objectifs de tourisme durable et les objectifs en terme de clientèle. Ainsi nous lisons dans le chapitre « La poursuite du travail sur les mobilités et les transports » :

Construire une économie touristique durable et résiliente impose nécessairement un travail structurel sur les mobilités, responsables de 77% des émissions du secteur dont 53% pour le seul secteur de l’aérien. Il s’agira donc ici de travailler à l’amélioration de l’accessibilité en transports collectifs mais également des mobilités douces et durables. ».

Et il est pourtant aussi indiqué, et cela nous apparaît contradictoire  :

« Les clientèles internationales – déjà présentes sur le territoire normand et national et notamment francilien – qui ne doivent pas être oubliées car très rémunératrices.

Les séjours qui leur seront proposés devront garantir une qualité de services et d’expériences notamment sur le volet environnemental. »

Vous proposez pour appuyer vos propos « des thématiques de notoriété internationale à asseoir et à consolider

La stratégie va viser la poursuite de la structuration de destinations à forte notoriété à savoir :

Le Débarquement et la Bataille de Normandie

Le Mont Saint Michel et sa Baie

La Normandie Médiévale

L’Impressionnisme »

Nous ne doutons pas qu’il s’agisse ici de cibler en particulier la clientèle américaine dont les déplacements aériens émettent énormément de gaz à effet de serre. Nous proposerions de notre coté d’accompagner ces filières à renforcer des publics plus locaux, français voire européens, et de renforcer notre infrastructure ferroviaire afin de les recevoir plus dignement.

En l’état, et même si nous approuvons les principes de tourisme durable et de « slow tourisme » édictés dans cette stratégie, il subsiste trop de contradiction, en particulier sur le développement des clientèles internationales fortement contributrices au dérèglement climatique ou l’accompagnement de la croissance des escales de croisières. Nous avons proposé un amendement en ce sens pour ne pas agir en faveur du développement des escales de paquebots, ces navires d’un autre temps, qui, outre les sources de pollution qu’ils génèrent, ont un appétit sans fin de ressources énergétiques.

Nous nous abstiendrons donc de voter cette nouvelle stratégie de développement touristique.