Assemblée plénière
Lundi 12 décembre 2022
Intervention de Laetitia Sanchez relative au Schéma Régional Enseignement Supérieur, Recherche et Innovation 2022-2028
On peut voir dans ce schéma une vision utilitariste de l’enseignement supérieur, qui ne repose que sur une vision de « l’excellence » mettant de coté tous ceux qui peuvent se retrouver au bord du chemin, une vision qui est centrée sur une concurrence entre les établissements et au sein des établissements.
Sur la qualité de vie étudiante, c’est vrai qu’on note dans votre Ambition 2 une partie sur ce sujet, mais qui repose sur la mise en place d’une plateforme numérique et l’extension du dispositif « Campus Connecté ». Il ne me semble pas que ce soit ce dont les étudiant.e.s ont le plus besoin pour la qualité de vie, même si le partenariat avec le CROUS est souligné comme « devant êre renforcé ». Il nous semble qu’hormis le fait de souligner le soutien à l’ambition et un travail sur l’orientation, on ne voit pas, finalement, la prise en compte de toute cette vie étudiante, et ce risque de les laisser, pour certain.e.s, au bord du chemin.
Ensuite, la vision utilitariste a bien été soulignée par cette idée d’aligner les forces économiques sur le schéma d’enseignement supérieur. Les étudiant.e.s devront, tout au long de leur vie, se former, dans un monde qui va beaucoup évoluer. Donc quelles sont les filières prioritaires ? Peut-être que celles de demain ne sont pas celles d’aujourd’hui.
Un certain nombre de questions sur la méthode, toujours, avec le fait que ce schéma a été présenté aux acteurs de l’ESR avant d’avoir été voté en séance par les élu.e.s.
On a une modification en profondeur des modalités de soutien aux doctorant.e.s, puisqu’avant le processus reposait sur une évaluation par les écoles doctorales puis une hiérarchisation des projets, qui était faite au sein des pôles de recherche de la COMUE. Donc on connaissait précisément le nobre d’alocations régionales, 50 pour les thèses financées à 100%, 50 pour les thèses co-financées à 50%. Aujourd’hui, la Région va directement discuter avec les établissements pour leur octroyer le volume de thèses financées à 100% et les 50% seront évaluées au fil de l’eau, avec un manque de transparence, de lisiblité et de vision d’ensemble. Donc on peut s’interroger sur la COMUE, dont le rôle était précisément de gérer ces contrats doctoraux. Les salarié.e.s de la COMUE sont contractuels, que vont-ils devenir ? Pourquoi passer outre les écoles doctorales ? Est-ce que c’est la disparition des pôles de recherche ?
On note aussi un revirement : quand vous avez plaidé pendant des années pour une fusion des universités, aujourd’hui on passe outre la structure normande pour discuter directement avec chaque établissement. C’est la mise en concurrence des établissements et au sein des établissements. Sur quelle base va-t-on déterminer le volume de thèses financées ? La taille de l’établissement ? Les thèses financées les années antérieures ? Quelle garantie qu’on ne financera pas deux ou trois thèses qui traitent du même sujet, ce que la COMUE garantissait ?
Les critères de sélection étaient peut-être contestés pour être très défavorables au sciences humaines et sociales. Aujourd’hui vous faites le choix de modifier en profondeur non pas ces critères mais le processus de validation, en écartant la COMUE, en vous affranchissant des écoles doctorales et des avis des spécialistes pour allouer directement auprès des établissements.
Donc est-ce vraiment un schéma stratégique ? On y voit plutôt une parcellisation et une mise en concurrence, je le répète, des établissements et au sein des établissements. On a pas la vision stratégique qui nous permettrait de voter ce schéma. Nous nous abstiendrons.