Assemblée plénière
Lundi 13 décembre 2021
Amendement n°9 déposé par Geneviève Augé, Rudy L’Orphelin et Laetitia Sanchez
Modifier ainsi le programme « 140 – Encourager l’agriculture et la sylviculture » de l’annexe jointe à la délibération :
A la fin du titre « Une politique forestière régionale pour mieux valoriser les ressources et inciter à une gestion plus résiliente », ajouter l’alinéa suivant :
« A compter du premier janvier 2022, toute subvention versée dans le cadre de la politique forestière régionale sera soumise à des critères de valorisation d’essences locales dans une démarche de développement, de protection et d’exploitation durable des forêts normandes, en excluant la monoculture intensive des pratiques de sylviculture financées par la région. »
Exposé sommaire
Cet amendement vise à conditionner les subventions versées dans le cadre de la politique forestière régionale à des critères de valorisation d’essences locales, qui, en l’état, manque d’ambition pour protéger nos forêts contre la crise climatique, la prédation économique et les pratiques nuisibles à la santé de nos forêts.
Le territoire normand compte près de 400 000 hectares de forêts. Celles-ci sont naturellement constituées d’une quarantaine d’essences, dont le hêtre et le chêne sont les principaux emblèmes. D’après les chiffres du Centre National de la Propriété Forestière, la forêt normande est constituée à 82% de feuillus, souvent de grande qualité. Par ailleurs, la filière bois représente plus de 22 000 emplois dans la Région. A l’heure où la crise climatique affecte durablement les territoires, la gestion forestière en Normandie apparaît également comme essentielle en matière de résilience.
Réserves de biodiversité, les forêts sont également des puits de carbone indispensables à la lutte contre le dérèglement climatique. Elles rendent des services écosystémiques inestimables et participent à notre bien-être.
Mais la situation globale de nos forêts est inquiétante. Sur les 400 000 hectares de forêts, seul un quart sont publiques. La santé de la majeure partie de la forêt normande dépend donc de la volonté d’acteurs privés. De plus, la proportion de feuillus doit être mise en perspective avec la tendance de remplacement par de la monoculture de résineux, et particulièrement de Douglas. La monoculture de résineux appauvrit, assèche et acidifie les sols, empêchant à long terme la replantation. Par ailleurs, ce type de gestion nécessite de procéder à des coupes rases qui défigurent les paysages et libèrent du carbone. Si la culture de résineux est nécessaire à la filière bois, elle peut être mise en œuvre autrement que par la monoculture intensive.
Compter uniquement sur la bonne volonté de chacune et chacun ne permettra pas de relever les défis qui concernent la protection de nos forêts. D’autres territoires sont progressivement défigurés par ce type de gestion et leur biodiversité, avec tous les services indispensables qu’elle rend, s’en trouve terriblement affaiblie. Le parc naturel régional du Morvan en est un exemple accablant.
Conditionner toutes les subventions aux projets de sylviculture à des critères de valorisation d’essences locales dans une démarche durable constitue la première base d’une politique forestière écologiquement et économiquement viable et résiliente.