Assemblée plénière – Lundi 13 décembre 2021 – Intervention de Véronique Bérégovoy relative au rapport annuel égalité Femmes/Hommes de la région Normandie

Assemblée plénière

Lundi 13 décembre 2021

Intervention de Véronique Bérégovoy relative au rapport annuel égalité Femmes/Hommes de la région Normandie

Dans la vie privée, au travail ou dans la sphère publique, le constat est amer, les inégalités femmes-hommes perdurent et les violences dont sont victimes les femmes sont effrayantes et les chiffres sont effarants : ce sont environ 600 000 femmes qui sont victimes de violences sexuelles, plus de 62 000 victimes de viols, cela touche toutes les sphères et tous les milieux. Une étude du Défenseur des droits nous apprend que le harcèlement au travail touche une femme sur 5.

Les femmes représentent environ trois quarts des bas salaires, les hommes gagnent 23% de plus que leurs homologues femmes et 84% des maires sont des hommes.

La loi Roudy sur l’égalité professionnelle aura bientôt 40 ans et dans quelques jours nous serons en 2022 !

Certes, les droits ont progressé et quelques avancées ont émaillé ces dernières années mais les progrès sont lents et le chemin à parcourir pour construire une société pleinement égalitaire est immense. Ainsi il en va de la responsabilité de chacune et chacun, mais surtout des politiques publiques mises en place et des moyens nécessaires, pour parvenir à l’égalité entre les femmes et les hommes.

Sur le rapport qui nous est présenté dont je remercie la qualité, je ne vais pas en faire l’analyse complète mais, permettez-moi, de faire quelques remarques et suggestions.

Concernant l’organisation interne, les femmes représentent 64% de l’effectif total, 33% des encadrants sont des femmes et elles ne sont plus que 13% à des postes de responsabilité. Le travail à temps partiel est beaucoup plus important chez les femmes que chez les hommes. On voit les efforts qu’il y a à faire et qu’il est urgent de prendre des mesures pour réduire ces inégalités.

Concernant le temps partiel, il serait intéressant de pouvoir analyser, s’il est choisi ou subi et quand il est subi, pourquoi et comment y remédier ? Concernant la rémunération des agents, il faudrait connaître les écarts (puisqu’en moyenne dans la fonction publique territoriale l’écart est de 9%) et pouvoir vérifier qu’à travail égal, il y a bien salaire égal et si ce n’est pas le cas, l’obligation que ce le soit, il s’agit là de volonté et de décision politiques.

Des formations, des animations, des évènements sont organisés autour de ce sujet, c’est très bien mais cela reste insuffisant.

Vous proposez un plan d’action 2021-2023, organisé autour ded 4 axes suivants :

-Diffuser la culture égalité en interne,

-Prendre en compte l’égalité et la mixité professionnelle dans les modes de gestion des RH,

-Favoriser l’articulation entre vie professionnelles et vie personnelle,

-Lutter contre les violences sexuelles et sexistes et le harcèlement

Vous êtes sur des grandes orientations mais concrètement quelles seront les mesures prises, les actions qui vont être engagées et le budget alloué ?

Par exemple, est-il prévu une ou plusieurs crèches pour faciliter la vie des employé-e-s, concilier vie professionnelle et vie personnelle ?

Sur la lutte contre le harcèlement, les violences sexuelles, y-a-t-il la mise en place d’une cellule spécifique d’écoute et de suivi, reconnue et identifiée comme telle et animée par une équipe (assistante sociale/direction humaine/médecine du travail/partenaires sociaux) qui a été formée sur ces sujets très délicats ? C’est un domaine dans lequel on ne peut pas improviser ! Car lorsque je vois le nombre très faible de cas déclarés sur la problématique du harcèlement, je m’interroge sur la peur de certains agents de dire les choses, de libérer la parole.

Concernant les politiques publiques de la Région :

Beaucoup de conférences, d’animations, de débats, d’organisations d’évènements sur la problématique de l’égalité femme/homme, tout cela est positif et permet bien sûr de sensibiliser et d’avancer mais cela reste insuffisant quand on voit l’ampleur de la tâche. Si on veut vraiment réduire les inégalités alors il est nécessaire d’avoir une politique volontariste affichée et conditionnée les aides de la Région en fonction de cette priorité. Par exemple, quand on précise que les associations sportives sont invitées à s’engager dans la lutte contre les violences sexistes et sexuelles, il ne suffit pas d’inviter, elles doivent avoir l’obligation de s’engager dans cette lutte, de promouvoir l’égalité entre femme et homme. Cela doit être un élément déterminant quant à l’octroi des aides et une évaluation doit être effectuée.

Il en est de même pour toutes les entreprises ou les projets soutenus par la région, la lutte pour l’égalité femme/homme doit faire partie intégrante de tout projet sinon il n’y a pas de financement possible.

Pour ce qui est de la politique dans les lycées, CFA, facultés, écoles, les structures de formation professionnelle, dans tous les lieux où on éduque, où on forme, la Région devrait soutenir toutes les initiatives et projets qui promeuvent l’égalité femme/homme dans tous les domaines de la vie. C’est dans tous ces lieux où la Région a des compétences qu’on peut et doit lutter contre les stéréotypes et qu’on développe la mixité dans tous les métiers. Pour cela, il est donc nécessaire qu’un budget soit alloué dans chaque établissement scolaire ou lieu de formation pour agir concrètement et massifier la promotion de l’égalité femme/homme.

Il serait pertinent d’embaucher des adultes qui encadrent et accompagnent les jeunes filles qui auraient été victimes de violence, d’agression, de mise à l’écart, de diverses difficultés et pour pallier aussi aux carences de l’Education nationale d’instaurer des postes d’infirmières, de psychologues, d’éducateurs… dans chaque lycée, il en va du bien être psychologique et physique des lycéennes mais aussi des lycéens.

Concernant la formation professionnelle, la difficulté pour les femmes seules avec enfant est de s’engager dans une formation car ne pouvant pas faire garder leur enfant. Ainsi, combien sont-elles à abandonner cet objectif de se former qui est pourtant essentiel pour reprendre une activité, améliorer leurs conditions de vie et avoir une autonomie financière ?  Il y a un vrai accompagnement à entreprendre, des structures à mettre en place pour répondre à cette problématique, combattre les inégalités et la précarité qu’elles subissent.

Pour terminer mon propos, je souhaite saluer votre projet, Monsieur le Président, d’une maison des femmes dans le département de l’Eure pour lutter contre les violences faites aux femmes et ainsi leur permettre d’être accompagnées par une équipe de professionnelles afin d’être protégées et de se reconstruire.

Alors, il faut absolument développer ces maisons, partout sur le territoire normand car, en plus, il y a un manque criant de places en foyer pour les femmes victimes. En effet, n’attendons pas, il y a urgence !