Assemblée plénière
Lundi 14 mars 2022
Intervention de Marianne Rozet relative à la délibération SRADDET : lancement de la procédure de modification
Le 27 février dernier, un article de Reporterre dans lequel sont cités Hubert Dejean de La Bâtie, vive président de la région à l’environnement et au développement durable et Stéphane Costa co-président du GIEC Normand titrait :
« La Normandie va être bousculée par le réchauffement climatique »
Le 28 février, le deuxième volet du sixième rapport du GIEC était publié. Après le premier volet publié au mois d’août dernier qui constatait que le changement climatique se fait plus rapidement que prévu, ces derniers travaux s’intéressent aux effets, aux vulnérabilités et aux capacités d’adaptation à la crise climatique.
Les auteurs du rapport soulignent l’inadéquation des moyens mis en œuvre aujourd’hui face à la rapidité et l’ampleur des changements, reflet d’un « manque de volonté politique ». Pourtant, ils concluent qu’un développement régional limitant le changement climatique et permettant de limiter ses conséquences est encore possible, à condition de faire preuve de volontarisme.
Les travaux du GIEC normand étayent ces conclusions.
Ils nous donnent à voir les conséquences prévisibles du changement climatique en Normandie mais également des pistes pour engager l’adaptation de nos territoires.
Laquelle nécessite anticipation et ambition.
Mr Morin, mesdames et messieurs les conseillères et conseillers régionaux de la mandature précédente, vous avez eu le mérite d’initier le GIEC Normand ! Seules 4 régions de France ont à ce jour réalisé cette démarche.
Jeudi dernier, j’assistais aux assises Normandes de l’économie circulaire, véritable lieu d’échange et de bouillonnement pour faire émerger et grandir les solutions de demain en matière de sobriété dans la production et la consommation des ressources.
Ces assises étaient organisées par la région !
Dont acte ! Vous faites des choses et vous avez les cartes en main !
Vous avez, nous avons les informations et les données, tout indique que nous devons agir et agir vite !
Je sais, ce n’est pas facile, et je vous entends déjà nous dire que nos concitoyens ne sont pas prêts, que ce qu’ils attendent, ce sont des routes pour désenclaver tel ou tel endroit enclavé de la Normandie, que beaucoup rêvent de leur pavillon individuel et que la plupart voient encore la voiture individuelle comme le meilleur, parfois le seul, moyen de déplacement, et que quand même ce serait bien de les écouter un peu… Soit !
Mais constatons aussi que la hausse du prix de l’énergie que nous subissons aujourd’hui rend ce modèle obsolète et hors de prix pour les concitoyens. Chauffer un logement mal isolé, se rendre à son travail en voiture individuelle devient un luxe !
Si nous revenons au rapport du GIEC, et à ses conclusions. Si nous entendons l’alerte donnée par les scientifiques, notre devoir ne serait-il pas, par esprit de responsabilité et par respect de nos concitoyennes et concitoyens de prendre nos responsabilités justement ?
Le modèle de développement qui est le notre aujourd’hui est à bout de souffle, il n’est plus grand monde pour contester qu’il est à l’origine même du dérèglement climatique !
Changer de modèle donc !
Cela signifie aménager le territoire autrement, pour habiter, travailler, nous déplacer, nous nourrir autrement… Aménager autrement, nous n’aurons pas le choix quand la hausse du niveau marin nous imposera la relocalisation de populations et d’activités présentes aujourd’hui le long des 600 km de côtes normandes. Hausse du niveau marin qui ajouté à la baisse globale des niveaux de précipitations en Normandie posera la question des ressources en eau douce.
Baisse globale des niveaux de précipitation mais augmentation des évènements « violents »…
Ajouter à cela l’effondrement de la biodiversité, l’augmentation des épisodes de canicule et j’en passe…
Nous voyons donc combien il est impératif d’anticiper les effets du dérèglement climatique mais aussi de tout faire pour réduire nos émissions de GES pour atténuer ces effets.
Pour cela, des pistes existent, je vous en donne 3 pour exemple:
En stoppant l’artificialisation des sols par exemple en inscrivant dans le SRADDET un objectif de Zéro Artificialisation Nette (ZAN) en 2040 au plus tard.
En inscrivant également des objectifs véritablement ambitieux en matière de mobilité :
Avec le développement et l’accessibilité à toutes et tous des transports en communs avec par exemple la réouverture des petites lignes régionales, ainsi que l’accélération du développement des infrastructures pour favoriser les mobilités douces. En parallèle le schéma des itinéraires routiers d’intérêt régional devra être abrogé partant de l’idée qu’un plan réussi dans le domaine des mobilités mènera à la diminution significative de l’usage de la voiture individuelle. Et ce non pas par la contrainte mais parce que les autres modes de transports seront devenus plus efficients et moins onéreux que la voiture.
Il serait également pertinent d’engager la Normandie dans une véritable politique de transition énergétique ne s’appuyant pas uniquement sur des solutions technologiques qui se heurteront rapidement à la limite imposée par la finitude des ressources. Le mot d’ordre doit être sobriété avec une politique volontariste pour l’isolation des bâtiments tout en favorisant le développement des filières renouvelables avec une implication plus grande des citoyens dans les projets pour qu’ils soient mieux acceptés.
Bien sûr, tout cela demande à chacune et chacun de se sentir capable de changer, changer de modèle de vie… Nous parlons de sobriété mais il s’agit encore d’une sobriété choisie à mettre en perspective avec l’austérité qui nous serait imposée par un dérèglement climatique totalement hors de contrôle si nous n’agissons pas rapidement.
Je finirai sur un point : dans SRADDET, il y a les 2 dernières lettres : « ET » qui signifient Égalité des Territoires ! L’égalité des territoires pour une égalité des Normandes et des Normands !
Et cette égalité ne pourra se faire sans la solidarité en particulier vis à vis de nos concitoyens les plus défavorisés et les plus impactés par les effets du dérèglement climatique. Je pense tout particulièrement aux habitants de « passoires thermiques » dont la note de chauffage flambe depuis des mois, aux habitants du milieu rural et des communes côtières…
Le SRADDET pourrait-être un outil efficace pour mener les changements que nous savons indispensables pour notre région.
Saisissons nous de cette opportunité de transformer le SRADDET !
C’est pour cette raison que nous vous demandons d’engager la région dans le processus de révision du SRADDET afin de mener une politique d’aménagement du territoire à la hauteur des enjeux .
Faisons ainsi de la Normandie une région exemplaire, résilience et désirable !