Monsieur le Président,
Cher.e.s collègues
Le rapport de la chambre régionale des comptes est assez emblématique du changement intervenu, du passage d’une « culture des moyens » à une « culture des résultats » sauf que l’on mesure dans les remarques et préconisations de la chambre une difficulté à d’adapter à la logique interne de la structure. Ainsi, p23 il est écrit que le rééquilibrage des comptes passe par un travail d’identification des activités les moins rentables et par des choix stratégiques ». Or, c’est tout le sens du développement des structures de l’éducation populaire et de l’ESS en général que de prendre en charge des activités non rentables, sinon le marché l’aurait fait depuis longtemps. A la logique de rentabilité il faut privilégier celle de l’utilité sociale et de l’intérêt général. L’évaluation aurait certainement été plus pertinente et sans doute plus utile pour la structure.
Les associations étant dépendantes de ressources financières qui leurs sont externes, elles se voient contraintes de s’adapter continuellement aux évolutions de leur environnement institutionnel et économique. La logique des appels à projets a pour conséquence de contribuer à la fragilisation des associations qui ne sont pas en mesure de s’adapter. Les nouvelles pratiques de contractualisation avec les pouvoirs publics poussent les associations à rationaliser leur fonctionnement. Alors que les conventionnements pluriannuels apportaient une stabilité et garantissaient un développement de long terme aux associations, les appels à projets et la mise en concurrence créent une situation d’incertitude permanente. Les associations doivent émarger aux appels à projets pour réussir à survivre, tout en réduisant leurs budgets pour tenter de remporter ces appels à projets. En conséquence, leurs budgets sont beaucoup plus incertains, instables et parfois limités ce qui contraint les associations à réduire le premier poste budgétaire de leur fonctionnement : leur masse salariale. Dès lors, dans ce contexte, les salariés se retrouvent dans une situation de précarité importante. Le plus cruel étant que, toutes catégories socio-professionnelles confondues, une étude de l’Insee montre que les travailleurs associatifs perçoivent un salaire inférieur de 12% à celui du secteur privé. De la même façon, le travail à temps partiel ou de façon intermittente y est plus de deux fois plus présent que sur le marché du travail classique. L’absentéisme souligné dans le rapport concerne exclusivement le service du DARE, le secteur sanitaire et social de la Ligue. On reconnaitra que dans tout le secteur sanitaire et social, les difficultés de recrutement, le turn-over et la désaffection pour les missions sont des problématiques prégnantes qui dépassent la gestion propre d’une structure.
Dès lors, à la lecture de ce rapport nous ne pouvons que souligner le rôle essentiel de la ligue de l’enseignement de Normandie, plaider en faveur d’un soutien aux objectifs et aux moyens de la structure par la Région en rappelant le rôle d’animation de la Ligue de l’enseignement dans le réseau associatif du territoire et les risques majeurs que ses difficultés pourraient, par contagion, faire peser sur un grand nombre d’associations normandes.
Je vous remercie.