Assemblée Plénière – Lundi 14 octobre – Intervention de Véronique Bérégovoy relative à la Communication sur le projet 3NC – Programme France 2030 – Compétences et métiers d’avenir

Monsieur le Président,

Chers collègues,

Merci pour votre présentation mais permettez-nous, nous les écologistes, de ne pas partager ce projet de relance du nucléaire.

J’aurais souhaité que tout ce travail collectif, cette énergie, cette mobilisation exemplaire dont vous avez fait preuve, le soit pour le développement des énergies renouvelables, pour lesquelles nous sommes très en retard et qui sont aussi très créatrices d’emplois.

Alors qu’au niveau mondial, le nucléaire ne représente que 2% de la consommation d’énergie finale et que la production d’électricité nucléaire ne cesse de diminuer passant de 17% à 9,1% en 25 ans, pourquoi s’enfermer dans cette industrie du passé ?

Alors que les coûts de construction des EPR explosent systématiquement (Flamanville, Hinkley-Point en Angleterre ou en Finlande…) de dizaine de milliards supplémentaires, que les retards de livraison sont considérables (plusieurs années) que de multiples aléas et malfaçons sont identifiés, pourquoi continuer à tout miser sur le nucléaire ?

Alors que la production nucléaire coûte de plus en plus cher (jusqu’à 4 fois plus que l’éolien terrestre) mais aussi plus cher que le photovoltaïque ou l’éolien offshore, que le coût des futurs 6 EPR2 estimé à 56 milliards d’euros est déjà réévalué à la hausse pour arriver à 68 milliards d’euros sans qu’aucun coup de pioche ait été déjà donné !

Qui va payer la facture ? EDF, endetté de plus de 60 milliards ? L’Etat endetté de plus 3000 milliards ? Alors qui ? Les français ? La lutte contre la précarité énergétique et la baisse de la facture d’énergie ne sont malheureusement pas prêtes de voir le jour !

Alors que les projections de l’Agence Internationale de l’Energie (AIE), dans tous ses scénarios, estime que le nucléaire va soit stagner, soit diminuer, pendant que les énergies renouvelables sont en plein essor et vont continuer, inéluctablement à se développer massivement. En 2022, elles ont bénéficié de 378 milliards d’investissements contre 28 milliards pour le nucléaire.

Dans ce contexte, pourquoi continuer à proposer, à une partie de la jeunesse des formations orientées dans le nucléaire en perte de vitesse, en dépensant des millions d’euros ?

Pourquoi ne pas investir massivement dans l’économie, l’industrie et la formation aux énergies renouvelables qui pourraient aussi travailler avec de nombreux partenaires ? C’est le secteur d’avenir ! D’ailleurs, sachez que depuis le début des travaux de Flamanville, c’est l’équivalent de 74 EPR qui ont été produit par les énergies renouvelables en électricité dans toute l’union européenne.

Pourquoi ne pas investir, massivement, dans des politiques publiques de sobriété et d’efficacité énergétique ? Pourquoi ne pas investir massivement dans les formations qui s’y rattachent ? Tous ces domaines ouvrent de nombreuses perspectives d’emplois comme dans le secteur du bâtiment ou de la rénovation énergétique.

Ne pensez-vous pas qu’il est temps d’arrêter de mettre en danger le capital humain si précieux, le capital environnemental si fragile et le capital financier si limité ?

Pourquoi sacrifiez-vous notre région et ses habitants au lobby du nucléaire Monsieur Le Président ?

Je vous remercie.