Assemblée Plénière – Lundi 15 décembre – Intervention de Laetitia Malherbe – Évolution de la carte des formations professionnelles scolaires pour les rentrées 2026 et 2027

Monsieur le Président, chers collègues,

Le document que vous nous présentez aujourd’hui révèle une orientation préoccupante pour l’avenir de la formation professionnelle publique en Normandie. En effet, alors que nous enregistrons quatre ouvertures dans le secteur privé représentant 67 places nouvelles, ce sont huit formations publiques qui sont purement et simplement fermées, entraînant la disparition de 136 places. Autrement dit, pour chaque place créée dans le privé, deux places sont supprimées dans le public. Ce déséquilibre n’est pas anodin : il traduit un recul clair et mesurable du service public de l’éducation sur nos territoires.

On nous explique que ces fermetures seraient motivées par des effectifs insuffisants ou des places vacantes au fil des années. Mais cette justification masque mal une réalité pourtant évidente : lorsque l’on ne soutient plus une filière, lorsqu’on ne lui donne ni les moyens, ni la visibilité, ni l’accompagnement nécessaire, elle finit par s’affaiblir. Et c’est ensuite au nom de cet affaiblissement qu’on décide de la fermer. Le résultat, lui, est certain : moins d’offres pour les jeunes, moins de solutions pour les familles, et un appauvrissement de la carte des formations dans le secteur public.

Dans le même temps, le privé progresse. Discrètement, mais régulièrement. Là encore, ce n’est pas anodin. Alors que le public perd des sections, les établissements privés voient des ouvertures validées ou des capacités renforcées. Cette évolution n’est pas neutre. Elle crée un précédent et installe une dynamique que nous devons regarder avec lucidité : les missions de formation initiale, qui sont au cœur de la responsabilité publique, glissent lentement mais sûrement vers des acteurs privés dont l’objectif et les obligations ne sont pas les mêmes. 

Les territoires les plus touchés par ces suppressions sont souvent ruraux ou périurbains. Ce sont les territoires où chaque fermeture, chaque section supprimée, peut suffire à dégrader l’attractivité d’un établissement et à entraîner une spirale de déclin. La carte des formations ne peut pas être un ajustement comptable. Elle doit être un outil de présence, de cohésion et d’égalité territoriale.

Au vu de ces éléments, nous ne pouvons accepter ces évolutions. Nous demandons qu’un moratoire soit posé sur les fermetures dans le public et qu’un travail sérieux de redynamisation des filières soit engagé, notamment dans les secteurs en tension. Nous demandons également que toute ouverture dans le privé ne puisse être validée que lorsqu’une offre publique n’existe pas ou ne peut être développée. Nous demandons une politique de formation qui soit à la hauteur des enjeux éducatifs, sociaux et économiques de notre région.

Pour toutes ces raisons, nous voterons contre cette proposition, car elle affaiblit le service public, fragilise nos territoires et ne répond pas aux besoins de la jeunesse normande.

Je vous remercie.