Assemblée Plénière – Lundi 15 décembre – Intervention de Laetitia Malherbe relative au rapport annuel égalité femmes-hommes de la Région Normandie

Monsieur le Président, chers collègues,

Une nouvelle année s’est écoulée et les inégalités entre les femmes et les hommes demeurent nombreuses, persistantes, profondément ancrées. Les violences sexistes et sexuelles continuent : omniprésentes, banalisées, contestées. Les actions féministes sont tournées au ridicule, les militantes insultées, et le backlash antiféministe gagne du terrain. Le message envoyé est profondément inquiétant.

Je souhaite le rappeler d’emblée : l’égalité femmes-hommes n’est ni un sujet annexe ni un sujet acquis. C’est une urgence sociétale qui exige des politiques publiques fortes, cohérentes et assumées.

Le rapport égalité femmes-hommes que vous nous présentez cette année, est un document riche, dense, qui recense de nombreuses actions menées par la Région, dans les lycées, la formation, le numérique, ou encore l’entrepreneuriat. 

Mais il est toujours très difficile d’en mesurer l’impact réel.

Beaucoup d’initiatives relèvent de la sensibilisation : ateliers, journées thématiques, événements ponctuels. Ce sont des actions utiles, nécessaires, mais elles ne suffisent pas à réduire durablement les inégalités.

Pour cela, il est indispensable de renforcer les leviers structurels.

Aujourd’hui, nous manquons encore d’indicateurs d’impact clairs et suivis dans le temps, d’objectif chiffrés pour réduire les écarts, d’une vision globale permettant de piloter réellement la politique d’égalité. Nous manquons d’une ligne budgétaire dédiée à l’égalité femmes-hommes, qui permettrait de rendre visibles les moyens réellement mobilisés par la Région. Sans cette lisibilité, il est difficile d’évaluer l’ambition de son action publique et de l’améliorer. Sans données précises, il est impossible de comprendre ces écarts, ni d’adapter les politiques publiques pour les corriger.

Sur la jeunesse, la région reconnaît que les stéréotypes se construisent très tôt et influencent les choix d’orientation. Pourtant, aucune réflexion n’est menée sur l’occupation genrée des espaces scolaires, des cours d’école ou de loisirs, ni sur le lien avec la pratique sportive, alors même que les filles restent, malgré des efforts, minoritaires dans le taux de licenciées en Normandie.

Sur la question des violences sexistes et sexuelles, le rapport évoque des outils internes en cours de déploiement. C’est un premier pas, mais il manque encore un bilan chiffré et transparent : combien de signalements ? quels délais de traitement ? quel accompagnement pour les victimes ?

Sur ces sujets, la Région doit être exemplaire.

Concernant les ressources humaines de la région, les temps partiels sont toujours très majoritairement occupés par des femmes, et dans le même temps, les femmes restent sous représentées dans les postes d’encadrement, alors même que la masse salariale régionale est majoritairement féminine. Là encore les indicateurs manquent pour analyser ces écarts et y répondre efficacement.

L’an dernier, j’avais alerté sur les effets de la maternité et de la monoparentalité comme facteurs de ralentissement de carrière : temps partiels, absences, mobilité, santé mentale … Ces réalités demeurent mais ne sont ici jamais analysées comme un facteur d’inégalités structurelles.

Pour conclure, la Région fait un effort important de sensibilisation mais doit encore faire de l’égalité femme homme une politique régionale à part entière, structurée, évaluée, budgétée et suivie, à la hauteur de l’urgence sociale que nous vivons.

Je vous remercie pour votre écoute.