Assemblée plénière – Lundi 17 octobre 2022 – Intervention de Geneviève Augé relative à la Politique régionale « Patrimoine agricole normand animal et végétal 2023-2027 »

Assemblée plénière

Lundi 17 octobre 2022

Intervention de Geneviève Augé relative à la Politique régionale « Patrimoine
Agricole Normand animal et végétal 2023-2027
« 

Monsieur le Président,

Chers collègues,

La préservation des espèces locales, aussi bien animales que végétales, présente un intérêt évident dans la perspective d’une nécessité de résilience globale. Elle permet de garder le plus ouvert possible l’éventail des ressources qui pourront nous permettre, ici et ailleurs, de trouver les animaux mais surtout les plantes les plus à même de s’adapter au climat des décennies à venir. Il est donc heureux que notre région prenne cette question au sérieux et en fasse une politique à part entière.

Attention toutefois à la cohérence des actions à mener. C’est, par exemple, la troisième fois en un an qu’une délibération marque une volonté de protection des abeilles, et c’est une bonne chose. Mais c’est également la troisième fois en un an que je vais pouvoir rappeler que le Président Morin a revendiqué et obtenu l’an passé la réintroduction des néonicotinoïdes tueurs d’abeilles sur la betterave. Ne serait-il pas temps de se soucier de cet insecticide et de faire marche arrière, vu l’importance que vous semblez accorder aux abeilles ? Attention, également, à ne pas se focaliser uniquement sur des symboles. C’est la seconde fois que l’abeille noire est spécifiquement citée dans une délibération, et tant mieux pour elle. Cette célébrité locale fait certainement fureur auprès du grand public, mais d’autres espèces, notamment végétales, méritent aussi notre intérêt.

Par ailleurs, la mise en réseau des acteurs de la conservation répond bien à une nécessité, mais leur attribuer des moyens de long terme en serait une autre. Le verger conservatoire du Domaine de Merval en est un bon exemple. Adossé au Lycée Agricole du Pays de Bray, il bénéficie d’un engagement de la région jusqu’en 2024 pour financer les salaires de l’animatrice et d’un salarié agricole à mi-temps, suite à un appel à projet. Pourtant, la conservation des espèces est un travail de longue haleine. La gestion d’un verger se pense sur un temps long et offrir un horizon à quelques années seulement n’est pas suffisant pour assurer la pérennité d’un tel lieu. Nous devrions permettre le maintien des actions existantes et assurer la longévité de celles à naître. La création d’emplois Région serait une solution, mais c’est malheureusement un angle mort de la politique présentée, de même pour des actions concrètes, matérielles, qui auraient pu être pilotées par la région elle-même.

La préservation des espèces est un axe capital pour travailler à la résilience de nos systèmes agricoles. Plus le panel à disposition sera vaste, plus nos aurons de solutions pour relever les défis qui se poseront ici comme ailleurs.

Ainsi, cette politique manque d’ambition face à l’urgence d’agir, mais elle va dans le bon sens. Nous voterons donc pour.