Assemblée plénière – Lundi 18 décembre 2023 – Intervention de Laëtitia Malherbe relative au rapport annuel sur l’égalité femmes-hommes de la Région

Assemblée plénière

Lundi 18 décembre 2023

Intervention de Laëtitia Malherbe relative au rapport annuel sur l’égalité femmes-hommes de la Région

Depuis le 6 novembre dernier, à 11h25, les femmes travaillent gratuitement. En 2023, nous gagnons encore 15,4% de moins que les hommes. Plus diplômées mais moins représentées dans les fonctions de direction et d’encadrement, travaillant dans des secteurs d’activité mal rémunérés, et plus souvent sur des emplois partiels conditionnés par des obligations familiales qui reposent encore beaucoup sur la femme.  

84 % des femmes estiment que la maternité à un impact négatif sur les carrières et l’arrivée d’un enfant reste le premier frein à l’évolution professionnelle pour les femmes. La reprise du travail est aussi l’une des première cause de l’arrêt de l’allaitement et nombre de femmes prolongent leur congé maternité par un congé parental pour s’occuper de leur progéniture. 1/3 des mères en famille monoparentale vit sous le seuil de pauvreté.

Selon la Fondation des Femmes, plus de 3 millions de femmes déclarent avoir subi des violences chaque année dont 94 000 sont victimes de viol ou de tentative de viol. Moins d’1 % des plaintes pour viol aboutissent à une condamnation. Et cette année, on décompte 101 féminicides par compagnon ou ex-compagnon en France.

En bref, chaque année, le bilan est lourd.

Si on regarde le rapport interne de la Région, nous retrouvons un certain nombre de ces inégalités. Bien que les femmes représentent 63 % des salarié.e.s, elles sont seulement 33,5 % à occuper un poste à responsabilité. L’âge moyen d’avancement de grade dans les EPLE est de 56,13 ans chez les femmes contre 50,55 ans chez les hommes et l’écart salarial reste compris entre 8 et 13 %. Les temps partiels sont occupés par des femmes à 88 %. Temps partiel subit ou choisi ? Il serait intéressant de distinguer cela dans les prochains rapports et d’en analyser les raisons pour pouvoir y proposer des solutions adaptées. 

Je ne vois pas de chiffres spécifiques concernant la maternité. Quelle est la part de femmes et d’hommes prenant un congé parental à l’arrivé de leur enfant ? Quel impact cela a-t-il sur leur avancement de carrière, leur salaire, leur mobilité ? Les jours enfant malade sont-ils utilisés par les femmes et les hommes de manière égale ?

Concernant le harcèlement au travail et les violences sexistes et sexuelles, comment sont accompagnées les potentielles victimes, que deviennent les plaintes qui vous sont remontées, y a-t-il des professionnel.le.s spécifiques formé.e.s et clairement identifié.e.s par les agent.e.s ?

Dans ses politiques publiques, la Région Normandie organise un nombre important d’animations, de conférences et de formations promouvant l’égalité entre les sexes. Il y a sans aucun doute un travail de sensibilisation, mais là encore il manque des marqueurs permettant de mesurer et d’évaluer l’impact de ces évènements. Les personnes ciblées sont-elles celles qui participent ? Quel impact dans le quotidien au travail ? Pourquoi ne pas rendre les formations sur l’égalité F/H et la lutte contre les violences au travail obligatoire ?

Nous nous répétons mais pour une réelle avancée en terme d’égalité, il ne faut pas proposer mais imposer. La Région soutient des structures qui travaillent sur l’égalité entre les femmes et les hommes. C’est bien mais insuffisant. Il est indispensable de conditionner le soutien et les aides de la Région au respect de l’égalité entre les sexes et de mettre en place des marqueurs de suivi, d’analyse et d’évaluation.

L’expérimentation de lutte contre la précarité mensuelle dans 15 lycées normands est une belle initiative et j’espère qu’elle deviendra un dispositif pérenne. Nous pourrions par ailleurs proposer un pack menstruel à l’entrée au lycée composé de protections hygiéniques lavables. Et pour rester dans la thématique, la Région pourrait envisager de proposer à ses agentes un congé menstruel comme cela a été adopté en Espagne et est expérimenté par la municipalité de Saint-Ouen et la métropole lyonnaise.

Je m’interroge sur la présence de référent.e.s égalité dans les lycées, plus de 40 % des lycées normands en étaient dépourvus en 2021, sachant qu’il s’agit d’une mesure obligatoire depuis 2018, qu’en est-il aujourd’hui ? La Région respecte t-elle par ailleurs la dispensation de cours d’éducation à la vie affective et sexuelle à raison de 3 fois par an et les intervenant.e.s ont-iels une formation spécifique sur les questions de genre et d’égalité ? Une enquête de 2022 réalisée par Noustoutes a dévoilé que les élèves reçoivent en moyenne 2,7 séances d’éducation sexuelle durant leur scolarité au lieu des 21 prévues par la loi, qu’en est-il en Normandie ? Ces interventions sont importantes pour échanger sur les notions d’identité de genre, de harcèlement, de consentement, de violences sexistes et sexuelles.

Sur le sujet de la parentalité, le plan d’action est très pauvre alors qu’il s’agit d’une source importante d’inégalité entre les femmes et les hommes. Il serait important de prévoir un axe de travail spécifique sur cette question tant le travail est grand.

Le 1er trimestre de grossesse est une période très difficile pour les femmes qui cumulent nausées et fatigue intense. Des aménagements peuvent être proposées comme l’aménagement d’un coin de repos à l’écart des odeurs de nourriture, une flexibilité des horaires pour éviter les heures de pointe dans les transports, voire une réduction d’activité avec maintien de salaire, etc. Je vous encourage à ce sujet à consulter les recommandations issues du guide du « Parental challenge ».

Aussi, il est nécessaire de poursuivre le travail sur les espaces d’allaitement. Les sites administratifs en sont pourvu mais ce n’est pas encore le cas des EPLE. Pour avoir testée celle de l’hôtel de Région de Rouen, il y a un vrai effort à faire pour rendre le lien plus confortable, avec un accès facile à un point d’eau et un espace réfrigéré.

Afin d’assurer un équilibre entre vie professionnelle et vie personnelle, un congé parental équitable est nécessaire, Lyon doit voter cette semaine en faveur d’un congé paternité de 10 semaines, soyons nous aussi ambitieux dans le domaine.

Parce que « le progrès des femmes est le progrès de tous. » (Ban Ki-moon).

Je vous remercie.