Assemblée Plénière – Lundi 24 juin – Intervention de Geneviève Augé relative à la création du dispositif « Hippodromes normands de demain »

Assemblée Plénière

Lundi 24 juin

Assemblée Plénière – Lundi 24 juin – Intervention de Geneviève Augé relative à la création du dispositif « Hippodromes normands de demain »

Monsieur le Président,

Chers collègues,

En tant qu’écologistes, nous sommes sensibles aux enjeux liés au changement climatique et au bien-être animal. Nous trouvons donc décevant que, bien que nommés dans ce dispositif, aucune réelle ambition ne soit affichée pour y répondre.

Parmi les critères d’éligibilité au dispositif aurait pu figurer, par exemple, la labellisation EquuRES, à moins que la demande d’aide ne soit faite dans le but d’y candidater ou d’en gravir les échelons, mais je ne vois rien de tel.

Parmi les indicateurs de suivi auraient pu figurer des éléments concrets en matière d’adaptation au dérèglement climatique, d’économie d’eau ou de bien-être animal, mais la seule unité de mesure proposée est le nombre de journées d’ouverture au public.

Plus grave, le terme de bien-être animal est bien vite troqué contre celui de « bientraitance », qui est vraiment un minimum. Assumez-vous à ce point que la maltraitance est un élément constitutif des courses hippiques et que le bien-être ne peut y être qu’un vœu pieux ?

J’aurais moi-même du mal à vous contredire si c’était le cas.

La maltraitance des chevaux dans le milieu hippique est un problème systémique, sans parler des morts prématurées. En France, rien qu’en 2019, 135 chevaux sont décédés en pleine course. Il y a des crises cardiaques par épuisement, mais aussi des fractures menant à des euthanasies par choix économique.

Par ailleurs, 10 000 chevaux réformés partent à l’abattoir chaque année, dont de très nombreux chevaux de course. Ils sont en moyenne âgés de 13 ans, quand l’espérance de vie d’un cheval est de 20 à 30 ans. Que leur arrive-t-il alors ? Ces anciens héros des hippodromes sont parqués avant d’être menés au box d’immobilisation puis à la salle d’abattage. On les étourdit, au choix, par perforation du crâne, dislocation du cou, électrocution ou gazage. Ensuite, c’est la suspension puis la saignée. Certains chevaux résistent et reçoivent des coups d’aiguillon électrique.

Alors, oui, difficile de parler de « bien-être » en l’état, mais le minimum serait de se le donner pour horizon.

En outre, la manière dont ce nouveau dispositif nous est présenté montre une nouvelle fois que votre majorité n’envisage la filière équine que par la lorgnette des courses hippiques et des paris sportifs. Or, quand vient l’heure de penser des politiques publiques, il conviendrait de faire en sorte qu’elles profitent au plus grand nombre. Ainsi, pourquoi n’avons-nous toujours pas entendu parler de démocratisation de la pratique après trois ans de mandat ? Voilà qui aurait plus de sens.

Enfin, je me questionne sur la pertinence de présenter cette délibération via la commission 7. Les hippodromes ne sont pas la vitrine du monde agricole. Au-delà des seules courses hippiques, ils accueillent de nombreux événements sportifs et culturels. Leur adaptation aux enjeux climatiques et aux nouveaux usages ont évidemment un sens, mais il aurait été tout aussi pertinent d’en discuter en commission 5 ou 9. Cela n’aurait malheureusement rien changé à l’insuffisance des indicateurs de suivi-évaluation mais aurait davantage rendu justice aux multiples usages de ces lieux.

C’est pourquoi mon groupe s’en tiendra à une abstention.

Je vous remercie.