Assemblée plénière – Mardi 2 mai 2023 – Intervention de Laëtitia Malherbe relative au règlement intérieur du Conseil régional des Jeunes

Assemblée plénière

Mardi 2 mai 2023

Intervention de Laëtitia Malherbe relative au règlement intérieur du Conseil régional des Jeunes

Monsieur le Président, cher.es collègues,

Le Conseil Régional des Jeunes tend à se pérenniser et nous nous en réjouissons. Il permet à des jeunes normands de pouvoir s’exprimer, de développer des capacités de communication, de travailler en équipe et de développer un esprit critique. Nous saluons, sur ces deux années de mandat, l’engagement des jeunes et l’émergence des 3 projets qui seront mis en place prochainement (stages de formation aux écogestes, événements pour faciliter la transition lycée/vie étudiante, accès aux pratiques artistiques) et pour lesquels ils souhaitent suivre la mise en place malgré la fin de leur mandat.

Néanmoins, nous regrettons que la Région ne donne pas les moyens à cet organe de se développer en lui attribuant un rôle central dans les politiques publiques régionales. Sa compétence ne peut se limiter aux politiques de jeunesse. Nous devrions par exemple les consulter sur les grands projets régionaux. Leur avis sur la modification du SRADDET aurait été pertinent quand on connaît l’engagement des jeunes pour l’écologie et surtout la portée de ce document et ses incidences sur leur avenir. Il serait également important de créer des temps d’échange avec les élus en leur permettant de présenter leurs avis et leurs projets en Assemblée Plénière, et pourquoi pas en les conviant à des commissions de travail.

Si nous regardons du côté de la région Centre-Val-de-Loire, leur Conseil régional de la Jeunesse est composé d’un exécutif et d’un secrétariat général, se réunit en assemblée plénière et dispose d’une page web dédiée « padlet » sur laquelle leur feuille de route, leurs travaux et actions sont disponibles. C’est un fonctionnement dont nous pourrions nous inspirer pour faire de cette instance une vraie partenaire d’élaboration des politiques publiques, créant des vocations et formant à l’exercice citoyen.

Dans le règlement intérieur soumis au vote aujourd’hui, une disposition nous semble contrevenir à ces ambitions. Il s’agit de l’article 6 qui dit que « la Région se réserve le droit d’écarter les candidatures dont la motivation serait insuffisante ou en contradiction avec les principes d’une instance qui s’inscrit en dehors des partis politiques et non partisane ».  C’est un droit de veto dangereux que s’arroge l’exécutif, au-delà d’une conception étriquée de la démocratie et de l’atteinte au pluralisme politique du CRJ, cela laisse entendre que l’engagement politique, qui est un engagement citoyen, ne pourrait pas mener au CRJ, alors que le CRJ, lui, peut mener à la politique. Nous en avons l’exemple dans vos rangs, monsieur le Président. C’est ce point important qui nous amène à nous abstenir sur cette délibération.

Nos jeunes fourmillent d’idées et de motivation. En voyant le travail fourni dans ces instances, nous constatons que la jeunesse n’a pas besoin de se voir imposer un uniforme et de marcher au pas pour être force de proposition et d’engagement citoyen.

Alors oui, je profite de cette délibération pour évoquer et dénoncer la vision portée par le Service National Universel et les impacts pour notre Région qui a voté lors de la dernière Commission Permanente les conditions de la mise à disposition de ses moyens humains et matériels au sein des lycées pour l’organisation des séjours de cohésion. Mettre à disposition c’est cautionner le fait d’ajouter une charge supplémentaire sur les personnels des établissements d’enseignement qui devront s’adapter pour permettre les séjours de cohésion. C’est cautionner le fait de confier des missions d’éducation à la citoyenneté à des militaires, les encadrants étant souvent des retraités du ministère de l’intérieur. C’est cautionner un dispositif qui prône une vision non inclusive de la citoyenneté, puisqu’ouvert uniquement aux jeunes de nationalité française. C’est cautionner un dispositif de soumission à des règles et normes qui perpétuent des inégalités et injustices. En somme, c’est cautionner un dispositif qui méprise la jeunesse.

Tout cela alors que la Région devrait utiliser l’argent public pour soutenir des programmes pédagogiques d’éducation civique, de découverte des services publics, de visites des instances démocratiques, utiliser l’argent public pour lutter contre la précarité des jeunes, pour envisager la gratuité des transports pour les moins de 25 ans et évidemment, pour en revenir à l’objet de notre délibération, pour renforcer son Conseil régional des Jeunes. 

Je vous remercie.