Assemblée plénière Région Normandie – Lundi 26 juin 2023 – Intervention de Bénédicte Martin relative à la dénomination du nouveau lycée implanté à Bourg-Achard

Assemblée plénière Région Normandie

Lundi 26 juin 2023

Intervention de Bénédicte Martin relative à la dénomination du nouveau lycée implanté à Bourg-Achard

Monsieur le Président,
Mes chers collègues,

Cette délibération porte notamment sur la dénomination du nouveau lycée à Bourg Achard. Si nous reconnaissons la cohérence du choix de cet illustre scientifique au regard de la spécificité de ce futur lycée, nous regrettons une occasion manquée de palier l’invisibilité de l’apport des femmes et notamment dans les domaines scientifiques et interrogeons la méthode.

En effet, les noms de femmes restent largement minoritaires dans la dénomination d’une école, d’un collège ou d’un lycée publics, selon une étude menée par le Conseil d’évaluation de l’école et publiée mardi 20 juin. Parmi les lycées portant le nom d’une personnalité, 84% portent celui d’un homme, 16% celui d’une femme.

Rétablir l’équilibre est donc un enjeu pour le choix du nom des futurs établissements. Le monde ne manque pas d’illustres femmes, qu’elles soient scientifiques, artistes, sportives. Elles souffrent néanmoins d’un manque de reconnaissance. Au début des années 80, l’historienne des sciences Margaret Rossiter théorise l’effet Matilda : elle remarque que les femmes scientifiques profitent moins des retombées de leurs recherches, et ce souvent au profit des hommes. Nous pouvons collectivement et à notre niveau œuvrer à déjouer cet effet Matilda qui concourt à invisibiliser les travaux et les découvertes des femmes scientifiques. Prendre l’engagement de célébrer des femmes lors des dénominations des établissements publics normands serait ici une manière de participer à ce mouvement impulsé sur d’autres territoires. Vous ne trouverez certes pas de femme prix nobel de physique issue de Normandie, est-ce là l’angle à privilégier ? Pourquoi se contraindre quand l’enjeu d’égalité, de parité notamment dans l’accès aux études scientifiques nous semble primordial.

Nous pouvons aussi, comme cela se fait de plus en plus, organiser la concertation des usagers des établissements, en l’occurrence ici de la communauté éducative. Nous aurions pu laisser le choix aux lycéens de ce futur lycée, ça aurait pu être l’occasion d’enrichir la culture des élèves, de projets collaboratifs, autour des travaux encore méconnus de chercheuses en chimie, en physique telles que Kiara Nirghin ou Marcia Barbosa par exemple. Qu’importe finalement tant que les lycéennes et lycéens auraient participé à la décision. En résumé, cette délibération est une occasion manquée de faire avec les lycéennes et lycéens plutôt que pour eux et en leur nom. Pour ces raisons, nous nous abstiendrons sur cette délibération.