COMMUNIQUE DE PRESSE
Caen, le 3 mai 2024
Contribution de la coordination des élu.e.s écologistes des conseils régionaux à la concertation « La mer en débat »
La coordination des élu.e.s écologistes des conseils régionaux regroupe 126 conseillers et conseillères régionaux écologistes (Les Ecologistes, Génération.s, Génération Écologiste, divers écologistes et société civile) présent.e.s dans dix conseils régionaux.
De novembre 2023 à avril 2024, les élu.e.s écologistes des conseils régionaux ont participé activement aux débats proposés par la CNDP (Commission Nationale du Débat Public), qu’il s’agisse des réunions locales ou des ateliers nationaux afin de préparer le dépôt leur contribution à la concertation « La mer en débat ».
Nous regrettons l’absence de mobilisation du gouvernement pour relayer cet événement et les nombreux biais qui ont conduit à en réduire fortement l’ambition. Les premiers éléments de cadrage communiqués par la CNDP, laissaient penser que le débat allait se déployer autour de 5 grandes questions : la biodiversité marine, le recul du trait de côte, le tourisme, la pêche et l’aquaculture et l’éolien offshore. En réalité le débat s’est vite réduit à deux thématiques : l’éolien offshore et les réserves de biodiversité. Nous avons donc assisté à une double restriction du débat, d’abord dans son contenu mais aussi dans son ambition.
En matière de stratégie énergétique le gouvernement français a annoncé vouloir développer un mix énergétique. Au sein de celui-ci l’éolien offshore est indispensable. En effet, même dans l’hypothèse d’un développement sans heurts du nucléaire celui-ci ne serait pas en mesure de fournir plus de la moitié des besoins d’énergie de la France et cela ne se ferait pas avant 2040 au mieux. Au regard de l’impossibilité de mobiliser des financements publics en faveur des énergies renouvelables (ENR) dans un contexte d’investissement massif sur le nucléaire, le « mix énergétique » du gouvernement ressemble bel et bien à un leurre consistant à développer le nucléaire au détriment des énergies renouvelables. Dangereux, coûteux et inefficace le nucléaire doit être abandonné au profit du déploiement d’un « mix ENR ».
L’éolien offshore doit être inscrit au cœur d’une stratégie globale de développement durable des espaces maritimes, qu’il s’agisse du développement de l’hydrolien ou de l’évolution des pratiques des pêcheurs. En ce sens la redevance issue des parcs éoliens constitue un levier important. Cette dernière doit être orientée vers les pêches artisanales et les associations œuvrant pour la protection de ces écosystèmes.
Au vu des délais mais aussi de l’impact de chaque parc sur l’environnement et les activités humaines il nous apparait préférable d’envisager la création de parcs plus puissants mais moins nombreux. Les extensions de parcs existants permettraient également d’augmenter la production d’énergie tout en bénéficiant des raccordements terrestres. Il convient aussi de prioriser la qualité de l’offre en s’appuyant sur des savoir-faire français afin de consolider la filière et de générer de l’activité et des emplois sur les territoires concernés.
L’implantation de parcs éoliens ayant un impact sur l’activité humaine et l’environnement, elle ne peut être décidée de manière verticale et doit associer l’ensemble des acteurs des territoires et espaces concernés dans un projet de co-construction. Cette concertation doit s’effectuer dans un cadre (notamment spatial) suffisamment large pour permettre une vraie latitude de discussion et de choix.
Trop souvent mise de côté la pêche artisanale doit être en mesure de peser de nouveau, tant au sein des instances représentatives qu’au sein même de ces filières. L’enjeu réside notamment dans l’initiation d’un processus de « déchalutisation » au bénéfice des engins dormants moins destructeurs pour les écosystèmes. Pour cela il est nécessaire d’interroger la répartition des quotas de pêche pour la rendre plus favorable à la pêche artisanale comme le permet le droit européen. De même, la création de zones de pêche artisanales protégées nous apparaît comme une solution pertinente.
Au-delà de la disparition de certaines espèces et de l’acidification des eaux, le changement climatique se traduit également par la recrudescence des tempêtes. Le modèle de protection sociale des pêcheurs en cas d’intempéries doit donc être adapté afin de répondre aux besoins des professionnels.
Il convient également de mettre en place un plan de gestion des Aires Marines Protégées (AMP) et des Zones de Protection Fortes (ZPF). Pour ces dernières, la définition doit d’abord être clarifiée notamment sur le sujet de la cohabitation avec l’activité humaine. Par ailleurs ces deux espaces doivent faire l’objet d’un renforcement des mesures de protection ainsi que de moyens humains et financiers.
Parmi les sujets mis de côté par le débat, nous tenons à rappeler que le recul du trait de côte touche de nombreuses façades maritimes avec des incidences directes sur les activités humaines. Cette problématique doit nous inciter à repenser les mobilités, l’alimentation ou encore le logement dans ces zones.
Autre sujet absent, le développement des croisières et du tourisme de masse doit faire l’objet de mesures majeures. L’Etat doit ainsi renoncer aux grands projets comme l’aménagement du terminal de la pointe de Floride au Havre afin de mettre fin au développent de ces croisières.
Rudy L’Orphelin et Laetitia Sanchez
Co-président.e.s du groupe Normandie Écologie
Bastien Recher
Conseiller régional, élu du Calvados