COMMUNIQUÉ DE PRESSE
Caen, le 20 décembre 2022
COP15 de Montréal : la Normandie doit participer à la mobilisation générale pour enrayer le déclin de la biodiversité
La 15ème Conférence des Parties à la Convention sur la diversité biologique qui s’est achevée le 19 décembre a permis l’adoption d’engagements essentiels pour espérer enrayer le déclin de la biodiversité mondiale d’ici 2030. Les 196 parties se fixent notamment pour objectifs, d’ici 8 ans, de protéger au moins 30% des terres et des océans (pour atteindre 50% en 2050), de restaurer 30% des écosystèmes dégradés, de mettre fin ou de réformer l’ensemble des subventions néfastes à la biodiversité (500 milliards de $ par an), de diminuer l’utilisation des pesticides ou encore de mobiliser au moins 200 milliards de $ par an pour la biodiversité.
Si la possibilité que cet accord permette effectivement d’inverser la tendance reste à démontrer, nous espérons que les leçons de la non mise en œuvre de l’Accord de Paris sur le Climat et du précédent plan décennal pour la biodiversité (dont aucun objectif n’a été atteint) ont été tirées.
En l’absence de cadre contraignant, la mobilisation à tous les niveaux est indispensable pour éviter un nouvel échec. Nous appelons donc la Région Normandie à reprendre à son compte les grands axes de l’Accord de Montréal dès lors qu’ils entrent dans son champ de compétences.
La Normandie est actuellement la 10ème région métropolitaine en termes de couverture du territoire par des aires protégées (21% du territoire terrestre), la 9ème en termes de protection “forte” (0,54%) et la seule dépourvue de parc naturel maritime. Elle doit rapidement s’engager à augmenter la surface comme le niveau de protection de ces espaces pour y bannir les activités nuisibles à la biodiversité.
La Région doit mettre fin dans les plus brefs délais à toutes les subventions dangereuses pour la biodiversité en instaurant des critères stricts pour bénéficier d’aides publiques. Le premier d’entre eux est le principe zéro artificialisation nette (ZAN), alors que la Normandie est la 2ème région française en matière de taux d’artificialisation et que l’exécutif régional continue de financer la création ou l’élargissement de zones d’activités et de routes.
La réduction de l’usage des pesticides est également un tournant essentiel que la Normandie n’a pas encore pris. Nous invitons donc Hervé Morin à revoir sa copie en matière de politique agricole, alors qu’il soutient fièrement la prolongation de l’autorisation du glyphosate et limite au maximum les ambitions en matière de transition agroécologique pour promouvoir une vision purement productiviste de l’agriculture.
De manière générale, les moyens consacrés par la Région à la préservation de la biodiversité restent dérisoires. Si les services de la Région et les acteurs concernés (associations, collectivités locales) ne disposent pas de moyens d’action suffisants, les intentions énoncées restent purement incantatoires. Grâce à son rôle de chef de file en matière de biodiversité, ses compétences en matière d’aménagement du territoire, de transports ou encore de coopération internationale, la Région dispose d’effets de leviers importants pour engager des changements structurels et obtenir des résultats.
La Région Normandie et l’ensemble des collectivités doivent reprendre à leur compte les engagements pris par les Etats à Montréal et les devancer lorsque cela est possible. Elles doivent également inciter l’Etat à respecter ses propres engagements (et non à revenir dessus, comme dans le cas du ZAN) et à mobiliser des moyens beaucoup plus importants pour mettre fin au déclin brutal de la biodiversité.
Nous attendons que l’année 2023 soit celle au cours de laquelle la Région reconnaisse enfin l’urgence et prenne des mesures ciblant les causes de ce déclin. La préservation de la biodiversité ne doit plus être un enjeu au milieu des autres, dont les moyens peuvent être une variable d’ajustement budgétaire et dont les objectifs sont subordonnés à ceux du développement économique. La modification prochaine du SRADDET et le futur règlement régional de financement des zones d’activités nous donneront rapidement un premier aperçu de l’intérêt qu’Hervé Morin porte à cet accord.
Rudy L’Orphelin et Laetitia Sanchez
Co-Président.e.s du groupe Normandie Écologie