
COMMUNIQUE DE PRESSE
Rouen, le 11 mars
Les groupes écologistes à la Métropole Rouen Normandie, à la région Normandie et de l’agglomération Seine-Eure alertent sur les impacts environnementaux et sécuritaires du projet DEZiR
Le projet DEZiR, prévu sur les sites industriels de Petit-Couronne (Seine-Maritime) et d’Alizay (Eure), représente un investissement de 1,3 milliard d’euros pour la production de carburants aéronautiques de synthèse. Présenté comme une alternative durable, ce projet soulève de nombreuses inquiétudes quant à son impact environnemental, sa consommation énergétique et hydrique, ainsi que les risques liés à la construction d’un carboduc. Les groupes écologistes des territoires concernés demandent des clarifications urgentes et une réévaluation de sa pertinence.
Une consommation énergétique et hydrique excessive
Le projet nécessiterait une puissance électrique de 380 mégawatts, soit environ 30 % de la production d’un réacteur nucléaire de la centrale de Penly ou de Paluel. Cela représente une consommation annuelle de 3,3 TWh, l’équivalent de la consommation de près de 1,5 million de personnes. Alors que la crise énergétique impose une sobriété accrue, un tel niveau de consommation interroge sur la priorité donnée au secteur aérien par rapport aux besoins des industries et des ménages.
Par ailleurs, la production d’hydrogène requise pour ce carburant de synthèse implique le pompage de 876 000 m³ d’eau par an dans la Seine, soit 180 m³ par heure. Une quantité préoccupante au vu de la raréfaction de la ressource en eau, en particulier lors des épisodes de sécheresse estivale. De plus, des interrogations demeurent sur la qualité de l’eau rejetée après usage et son impact sur la biodiversité aquatique.
Un carboduc dangereux et une sécurité industrielle incertaine
Le projet DEZiR inclut la construction d’un carboduc reliant les sites de production et de stockage, avec un tracé qui pourrait traverser des zones habitées et sensibles. Or, le transport du CO2 sous pression présente des risques d’accumulation en cas de fuite, avec un danger d’asphyxie pour les populations avoisinantes. De plus, l’entretien et la surveillance de cette infrastructure sur le long terme ne sont pas suffisamment détaillés, alors même que des incidents sur des installations similaires ont déjà été recensés ailleurs en France.
Le stockage du méthanol sur le site de DRPC à Petit-Couronne est un autre sujet de préoccupation. Bien que le projet échappe à la classification Seveso, il n’en reste pas moins une Installation Classée pour la Protection de l’Environnement (ICPE), soumise à autorisation. À seulement 200 mètres d’un lycée et d’autres établissements recevant du public, il est essentiel d’obtenir des garanties sur la conformité aux normes de sécurité et les mesures d’urgence en cas d’accident industriel.
Des alternatives crédibles pour une mobilité plus durable
Face aux défis climatiques, la priorité doit être donnée aux solutions de transport moins émettrices de gaz à effet de serre. Des investissements existent déjà pour améliorer les infrastructures ferroviaires en Normandie, comme la Ligne Nouvelle Paris-Normandie (LNPN), qui vise à fluidifier les liaisons entre Rouen et Paris, ou encore le projet de Service Express Régional Métropolitain (SERM), qui permettrait de densifier l’offre de trains dans la région.
Plutôt que de soutenir une expansion du trafic aérien, ce sont ces solutions de transport collectif, plus sobres en carbone, qui doivent être financées et accélérées. Il est donc urgent de réorienter les investissements publics et privés vers des mobilités plus durables et résilientes.
Les groupes écologistes à la Métropole Rouen Normandie, à la région Normandie et de l’agglomération Seine-Eure exigent des réponses claires sur l’impact environnemental et énergétique de ce projet. Nous resterons mobilisé·es pour défendre un aménagement du territoire en phase avec les impératifs climatiques et sanitaires.
Rudy L’Orphelin et Laetitia Sanchez
Co-Président.e.s du groupe Normandie Écologie
Cyrille Moreau et Françoise Lesconnec
Groupe des Ecologistes, solidaire et citoyen, Métropole Rouen Normandie
Pascal Labbé et Alexis Fraisse
Agglomération Seine-Eure