COMMUNIQUÉ DE PRESSE – Rapport du Conseil d’Orientation des Infrastructures : priorité aux transports collectifs et aux mobilités actives pour réussir la transition

COMMUNIQUÉ DE PRESSE

Rouen, le 18 janvier 2023

Rapport du Conseil d’Orientation des Infrastructures : priorité aux transports collectifs et aux mobilités actives pour réussir la transition

Le Conseil d’Orientation des Infrastructures (COI) vient de sortir son rapport et ses propositions en matière d’infrastructures de mobilités pour les deux prochaines décennies. Celui-ci est logiquement axé autour de la problématique de la transition écologique du secteur des transports, en particulier l’impératif de réduction des émissions de gaz à effet de serre.

Le COI appelle à une « planification écologique » en matière de mobilités qui passe notamment par « un effort sans précédent » pour moderniser et régénérer le réseau ferroviaire. Il considère que les transports collectifs et les mobilités actives sont désormais à privilégier.

Pour le moment, la Région Normandie et l’État ne sont pas engagés dans une telle trajectoire. En Normandie, l’heure est aux tergiversations sur la réhabilitation et la modernisation des lignes de desserte fine du territoire, tandis que le l’exécutif continue à investir pour créer de nouveaux axes routiers ou en augmenter le trafic (projets d’élargissement de la RN13, de contournement Ouest de Cherbourg, de 3 voies Saint-Lô-Coutances, de contournement Sud-est de Caen, de 4 voies Avranches-Granville, etc.).

Plus que tous les autres, la réalisation du projet d’Autoroute A133-134 – abusivement présenté comme un contournement Est de Rouen – constitue un objectif majeur pour l’exécutif régional. Ce projet entre pourtant en totale contradiction avec les besoins des Normand.e.s en termes de mobilités, les impératifs écologiques et les intérêts économiques actuels.

Le Conseil d’Orientation des Infrastructures, qui a examiné le projet, ne manque pas de relever cette incohérence. Il en rappelle les « forts » impacts environnementaux, en particulier la hausse des émissions de gaz à effet de serre liée à l’augmentation induite du trafic routier et l’artificialisation de 500 hectares d’espaces naturels et agricoles.

Par ailleurs, il questionne la pertinence économique du projet. Malgré un investissement public considérable (la moitié des 886M€ nécessaires d’après l’évaluation de 2015), le bilan est négatif pour le concessionnaire. Il invite en outre à reproduire les évaluations de retour sur investissement en cas de limitation de vitesse à 110km/h.

Les oppositions au projet au niveau local interrogent également le COI sur les choix effectués. Des associations locales comme nationales continuent de s’y opposer et de promouvoir des alternatives moins polluantes et plus utiles, tandis que la Métropole de Rouen et le département de l’Eure refusent de participer au financement.

Enfin, le Conseil nous invite à étudier la compatibilité de ce projet avec les objectifs de neutralité carbone et de zéro artificialisation nette (ZAN), dont la formalisation est postérieure à la déclaration d’utilité publique. Il recommande donc de « revisiter la pertinence du projet au regard des éléments d’appréciation postérieurs à la DUP avant de signer le contrat de concession ».

L’État et les collectivités concernées doivent prendre acte de ces constats et réorienter dès maintenant les investissements destinés aux projets routiers destructeurs vers les transports en commun, les mobilités actives, le fret ferroviaire et fluvial et le soutien aux ménages dans la transition.

Pour la Région, la première étape d’une planification écologique des transports doit consister à abandonner le projet inutile, ruineux et destructeur d’Autoroute A133-134. L’exécutif régional doit cesser de soutenir le développement du réseau routier et autoroutier pour enfin engager les investissements qui permettront de moderniser et de densifier le réseau ferré, d’augmenter la part du fret ferroviaire et de diminuer la dépendance à la voiture individuelle.

Rudy L’Orphelin et Laetitia Sanchez

Co-Président.e.s du groupe Normandie Écologie