COMMUNIQUÉ DE PRESSE – Une politique agricole régionale à contre-courant des défis de notre époque

COMMUNIQUÉ DE PRESSE

 Le 6 mai 2022

Une politique régionale agricole à contre-courant des défis de notre époque

Le 5 mai se tenait une réunion de présentation de la politique régionale agricole 2023-2027. Fait notable, cette présentation a eu lieu alors que son débat en assemblée plénière ne se tiendra que le 20 juin 2022. Une conception de la démocratie fidèle à Hervé Morin et à son habituel mépris des élu.e.s de la Région. Ce n’est pas la première fois que nous dénonçons ce fonctionnement et nous continuerons à le faire tant que ces pratiques antidémocratiques persisteront.

Sur le fond, bien que la majorité n’ait pas manqué de s’enorgueillir de ses supposés succès en matière de politique agricole, il n’y a objectivement pas de quoi fanfaronner tant elle ignore les enjeux de l’agriculture et de l’alimentation de demain. Pire encore, elle encourage un système qui a montré ses limites.

Concernant l’accompagnement au renouvellement des chef.f.e.s d’exploitation et la transition des fermes normandes, la Région affiche le chiffre de 2000 agriculteurs et agricultrices accompagné.e.s dans leur installation depuis 2016 et prévoit d’en installer 450 de plus par an jusqu’en 2027. Une goutte d’eau quand nous savons que 10 500 agriculteurs et agricultrices se préparent à partir en retraite avant 2028 !

Nous constatons également que la notion d’autonomie alimentaire est absente cette présentation. C’est une faute, en particulier à l’heure où la guerre en Ukraine nous rappelle que la sécurité alimentaire de notre territoire devrait être un enjeu de premier ordre. Quant au développement des circuits courts, il en est vaguement question et les propositions ne sont pas au niveau des attentes des consommateurs et des besoins économiques des territoires ruraux.

Par ailleurs, alors que la région Normandie devrait être un exemple sur la lutte contre le dérèglement climatique – elle qui a organisé des ateliers GIEC avec les collectivités territoriales -, elle ne semble vouloir y répondre que par des micro-mesures. On ne peut se contenter de réduire l’usage des produits phytosanitaires et élaborer un plan peu ambitieux sur le développement de la production de protéine végétale. Sur la « production d’énergies renouvelables », la majorité régionale ne jure une fois de plus que par la méthanisation qui pose de très nombreuses questions d’acceptabilité sociale et de protection environnementale. Nous rappelons de nouveau que les terres agricoles doivent servir à nourrir la population et non pas à produire de l’énergie.

L’incohérence atteint son paroxysme quand on apprend que la « création de la valeur ajoutée » se fera en se « différenciant sur les marchés mondialisés » via des filières « d’excellence » valorisée par des outils de communications et grâce à la proximité avec le bassin parisien. Une agriculture saine, respectueuse de l’environnement, à taille humaine et réalisée avec des emplois stables et rémunérés dignement pour nourrir les Normandes et les Normands, voilà ce qui devrait être la définition de l’excellence.

Continuer à financer l’équipement robotique agricole, tel qu’envisagé dans cette politique pluriannuelle, revient à conforter la précarité des emplois et à encourager la course à l’hectare qu’il faut déjà revoir dans la politique agricole commune européenne.

Il est anormal qu’en 2022, des responsables politiques puissent défendre une vision de l’agriculture aussi peu adaptée aux enjeux de notre temps. De notre côté, nous continuerons de nous opposer à ces politiques délétères et à proposer des alternatives cohérentes pour toutes et tous.

Rudy L’Orphelin et Laetitia Sanchez
Co-Président.e.s du groupe Normandie Écologie

Geneviève Augé
Conseillère régionale, membre de la commission « Agriculture et pêche »