Assemblée plénière
Lundi 17 octobre 2022
Intervention de Guillaume Hédouin relative à la stratégie régionale pour la biodiversité 2030
M. Le président, chèr·es collègues,
Nous avons été nombreux et nombreuses à participer à l’élaboration de cette stratégie régionale, avec un engagement particulièrement important et notable des associations dont nous pouvons toutes et tous remercier la participation et l’intérêt portés à cet enjeu majeur qu’est la Biodiversité. Si le réchauffement climatique occupe les devants de la scène, les extinctions massives d’espèces ne doivent pourtant pas être oubliés : l’érosion de la biodiversité est un fait et avec elle son corollaire de dysfonctionnement des milieux naturels, qui ne sont pas sans conséquences sur les sociétés humaines.
Ne l’oublions pas, la biodiversité, c’est la vie qui oeuvre en emplissant nos océans, ce sont nos sols qui se créaient à partir de la matière minérale, ce sont les arbres et les plantes qui limite les conséquences du réchauffement climatique.
La vie est fragile sur notre planète, s’étendant sur une très fine couche, quelques mètre seulement pour les milieux terrestres, entre l’écorce terrestre et l’atmosphère. Nos vies reposent sur cette fine couche, que nous malmenons le plus souvent.
Alors bien sûr, nous aurions voulu voter pour cette stratégie, nous enthousiasmer devant des objectifs ambitieux, qui permettent à la Normandie de rattraper son retard en matière de surface d’espaces protégées. Rappelons que nous avons aujourd’hui 0,54 % d’espaces protégés sous protection forte, et que l’objectif est d’atteindre 10% en 2030 (1,81 pour la France).
La région normande est la 10e sur 13 en terme de couverture de son territoire par des aires protégés. La Normandie est aussi aujourd’hui la seule région qui n’ait pas de Parc Marin. Bien sûr, la région n’est pas seule en responsabilité sur l’ensemble de ces résultats, mais elle est cheffe de fil et doit ainsi pleinement jouer son rôle moteur pour son territoire.
Comme un certain nombre d’associations, nous restons circonspect sur les capacités réelles que se donnera la région pour obtenir des résultats. De nombreuses actions dépendent d’appels à projets ou à manifestation d’intérêt, ne permettant pas de mettre en place des infrastructures et des ressources humaines pérennes au sein des structures. Les associations ont de leur coté du mal à répondre aux appels à projet par manque de trésorerie et de visibilité.
Si nous reconnaissons la qualité du travail réalisé, dans un temps contraint et pendant la pandémie, nous souhaiterions aujourd’hui avoir la garantie que ce travail sera suivi d’effet. Or, les 10 premiers engagements de la collectivité sont le plus souvent incantatoires et les moyens ne sont définitivement pas en rapport avec l’enjeu primordial de la sauvegarde de la biodiversité normande. Comment ne pas relever que le 6e engagement, le maintien des Haies Normandes, qui correspond à un appel à projet avec seulement 10 collectivités lauréates et que celui-ci ne devrait, selon l’état de nos connaissance, pas être reconduit en 2023. Nous étions déjà intervenu dans cet hémicycle pour promouvoir un appel à projet « permanent » permettant un accompagnement durable des collectivités dans la préservation de leur haie.
C’est pourquoi le groupe Normandie Écologie, bien que favorable à cette stratégie, ne pourra la voter sans engagements de réelle mise en œuvre et de l’augmentation des moyens qui devraient y être consacrés. Nous nous abstiendrons donc sur ce vote.