COMMUNIQUÉ DE PRESSE
Caen, le 27 novembre 2023
Méthanisation : après des années de financements débridés, Hervé Morin se réveille enfin !
La méthanisation agricole, avec des installations au service de l’agriculture, dont les intrants sont strictement encadrés, a vocation à s’intégrer dans un mix énergétique au sein duquel les renouvelables sont amenées à occuper une part croissante. Dans une grande région agricole comme la Normandie, la valorisation des effluents d’élevage, des déchets agricoles et des cultures intermédiaires (CIVE) doit permettre d’assurer une production significative de gaz renouvelable. Pour cela, il revient aux pouvoirs publics de mettre en place et de garantir les conditions d’un développement vertueux de la méthanisation, par la planification territoriale et la mise en place de mécanismes de suivi et de contrôles stricts.
Nous avons alerté à de nombreuses reprises ces dernières années sur les conséquences agricoles, environnementales et sociales d’une politique de soutien irréfléchi à la méthanisation, allant même jusqu’à engager une procédure juridique à l’encontre de l’exécutif. La concurrence entre les productions agricoles à vocations alimentaires et énergétiques est une problématique identifiée depuis plusieurs années dans les territoires où elle se développe rapidement et sans contrôle public, comme dans le Perche. Alors qu’il défendait jusqu’à présent son financement et en faisait la promotion, malgré nos demandes répétées de mise en place de conditionnalités, Hervé Morin prétend aujourd’hui découvrir le sujet.
Car pour toute contrepartie à ces financements publics, qui peuvent dépasser 1 M€ par unité, la Région a introduit une charte de bonnes pratiques, non contraignante et dépourvue de tout objectif concret.
Mais mardi 21 novembre, le Président Morin a annoncé par voie de presse la suspension immédiate de toutes les aides régionales au développement de la méthanisation agricole. Peu adepte de la nuance, Hervé Morin impose une nouvelle fois sa vision en autocrate inconsistant. Il justifie cette décision par l’usage excessif de cultures alimentaires pour la production de biogaz et l’absence de contrôles de la part de l’Etat pour faire respecter la réglementation en vigueur.
Un virage à 180°, sans préavis, alors que l’exécutif régional soutenait jusque-là massivement le développement de la méthanisation agricole, qui captait la grande majorité des financements aux énergies renouvelables. Sur la période 2014-2021, plus de 60% des fonds européens alloués aux énergies renouvelables (soit près de 20M€). Pour la période 2021-2027, la méthanisation est encore affichée comme une priorité, avec 36,5M€ à partager avec l’hydrogène vert. De plus, ces aides sont cumulables avec d’autres dispositifs de financement régionaux. La méthanisation a également fait l’objet d’une importante promotion par la Région. Laquelle affichait encore dans le Schéma Régional d’Aménagement, de Développement Durable et d’Egalité des Territoires (SRADDET) modifié en mai 2023 des objectifs ambitieux avec le soutien à la création de 200 nouvelles unités d’ici 2030.
Victime de son aveuglement et de sa volonté de développer quoi qu’il en coûte la méthanisation agricole, l’exécutif doit désormais faire face aux conséquences prévisibles de sa politique : le développement de la méthanisation qu’il a massivement soutenu entraîne une concurrence déloyale entre la production de cultures à usages énergétiques et celles à usages alimentaires et fait face à une contestation sociale croissante.
Mais avec cette fin annoncée des subventions à la méthanisation agricole, que reste-t-il du soutien régional aux énergies renouvelables ? L’exécutif s’oppose en effet par principe à l’éolien terrestre, refuse de soutenir la création de nouveaux parcs en mer et limite les aides au photovoltaïque à un périmètre bien trop restreint.
Rudy L’Orphelin et Laetitia Sanchez
Co-Président.e.s du groupe Normandie Écologie
Geneviève Augé
Conseillère régionale de Normandie
Guillaume Hédouin
Conseiller régional de Normandie